je vois ici des gens qui ont une vision de l'histoire te de la géographie assez... particulière.
J'interviens longtemps après la fin du débat, mais voici quelques faits, des faits, des choses non contestables.
géographiquement:
la Turquie comporte une partie de son territoire en Europe. C'est l'héritage de l'histoire humaine, et c'est un fait. La définition géographique de l'Europe date de l'antiquité grecque. Dans cette définition, l'Europe s'achevait aux royaumes scythes, c'est à dire à la Roumanie actuelle. Mais à cette époque il n'y avait pas de Grèce, juste une certaine quantité d'états-nations, voire de villes-nations, réparties sur tout le pourtour méditerranéen. Y compris en Afrique et en Asie. C'était donc un ensemble culturel, pas un état.
Historiquement:
En sautant un peu plus loin dans l'histoire, l'Empire Ottoman était un état, héritier pour ses structures, son corpus législatif, son organisation économique, de l'Empire Byzantin, qui fut quand à lui sur toute sa durée à cheval sur trois continents, et qui très tôt, presque dès sa création en fait, a comporté des territoires en Europe. Il ne fut majoritairement musulman, en terme de population, que plusieurs siècles après sa création. Ses dirigeants, sultans de la Sublime Porte, avaient une particularité, les mères des sultans étaient à 90% des chrétiennes converties, grecques, slaves, ou levantines. En terme de population, le territoire actuel de la Turquie est constitué de souches de population très diverses, dont une immense majorité est autochtone, fut successivement païenne puis chrétienne et actuellement musulmane.
L'histoire économique de la Turquie est un copié-collé de celle de l'Europe occidentale, avec un décalage temporel de quelques décennies, comme l'est celle de l'Europe de l'Est.
La Turquie actuelle est le seul état laïc musulman, ce qui en fait un pays plus proche du droit et de la culture français que l'Italie ou la Pologne.
Dire que les turcs ne sont pas chez eux en Europe est une sottise. Que la partie de la Turquie située sur le continent européen ne leur est pas légitime, une énormité. Autant dire que les Allemands ne sont pas chez eux en Franc-onie, à Franc-fort, etc... sous prétexte que cette région fut francque durant une longue période. Ou que les bretons doivent retourner en Bretagne, c'est à dire en Angleterre. Les français doivent-ils retourner dans leurs terres d'origine, quelque part au Kazakhstan? Ridicule.
Le seul point autour duquel tourne finalement le débat est l'Islam. Comme si l'Europe en tant qu'entité politique était un croupion du Vatican, un club chrétien. C'est peut-être une réalité statistique, mais croire que la Turquie n'a pas un lourd héritage chrétien aussi relève du révisionnisme historique.
J'ai lu il y a quelques années (je suis incapable de me rappeler où, désolé) une intervention intéressante sur ce sujet, qui se concluait en quelque sorte ainsi: La Turquie sera avec l'Europe ou contre elle.
On peut l'accueillir ou la rejeter, pas la mépriser. Et l'évolution économique et démographique du monde, les perspectives qui se présentent pour l'Europe du siècle à venir me poussent, moi, à dire que je préfère avoir la Turquie à nos côtés, repousser les frontières avec les théocraties aussi loin que possible. L'Europe dont on parle n'est pas un continent, un club chrétien (dont je ne suis pas, étant agnostique) c'est un état en construction, une idée. Dans notre monde, mêmes nos alliés sont en guerre économique contre nous, inutile de se créer des ennemis alors que nos amis se chargent de nous ruiner méthodiquement.