Pour les pousse mégots qui auraient raté le premier hier, ce soir la suite...
Toussaint Louverture provoque une polémiqueDiffusée mercredi soir sur France 2, la fiction sur le père de la révolution haïtienne s'affranchit de l'histoire.
Écrivains, cinéastes, réalisateurs de fictions télévisées, tous les créateurs prennent leurs aises avec la vérité historique pour donner un souffle romanesque à leurs oeuvres. Mais jusqu'à quel point peut-on s'éloigner de la réalité ? C'est la question que pose le téléfilm Toussaint Louverture diffusé mardi et mercredi soir sur France 2.
Réalisée par Philippe Niang et interprétée par Jimmy Jean-Louis, la fiction raconte la vie de Toussaint de Breda, dit Toussaint Louverture, esclave de Saint-Domingue, affranchi par son maître, qui prit la tête d'un mouvement de libération de l'île pendant la Révolution française. Une révolte qui déboucha sur l'indépendance et la création d'Haïti.
Le premier téléfilm consacré à ce personnage a le mérite de révéler une histoire méconnue. Il provoque cependant la polémique par son traitement jugé « manichéen » par certains. Gérard de Cortanze est de ceux-là. Directeur de la collection Folio Biographie chez Gallimard, il a publié, en 2007, la biographie Toussaint Louverture d'Alain Foix, qui a inspiré la fiction et qui estime aujourd'hui en avoir été évincé. « Je veux bien qu'on dramatise pour les besoins de la fiction mais là il y a une volonté de détourner la vérité historique pour que les Blancs apparaissent comme des esclavagistes et des *******, déplore l'éditeur. Ce qui m'inquiète, c'est la façon dont vont réagir les jeunes des banlieues lorsqu'ils vont voir le film. »
Une critique que réfute catégoriquement Philippe Niang, le réalisateur, métis de père sénégalais et de mère française. « Le film n'a rien de manichéen, rétorque-t-il. Au contraire, il va dans le sens de la concorde et ne cherche pas à opposer les méchants Blancs aux bons Noirs. Toussaint est affranchi à l'âge de 33 ans par son maître qui est un Blanc. Le général Lavaux, son ami tout au long du film, est également un Blanc. » Certes, mais pourquoi prendre autant de libertés avec l'histoire, interroge Gérard de Cortanze, exemples à l'appui : « La famille de Toussaint n'a jamais été séparée au fort de Joux en plein hiver mais à Saint-Domingue. Le père de Louverture n'a pas été jeté à l'eau par un Blanc, il était protégé par son maître et il est mort presque centenaire. »
Philippe Niang plaide coupable : « Si j'ai transposé la séparation de la famille de Toussaint dans la neige et inventé la noyade de son père, c'est pour montrer la violence qui était faite à ces gens. J'aurais réalisé un documentaire si j'avais voulu faire quelque chose de fidèle à l'histoire. » Et de reconnaître « une vraie volonté de tricher pour restituer un récit romanesque capable de capter le plus grand nombre de téléspectateurs. »
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