6 Janvier, on fête l'Épiphanie
L'Épiphanie de Jesus-Christ célèbre la visite des mages à l'enfant Jésus. Elle a lieu le 6 janvier. En France et en Belgique, puisque ce jour n'est pas férié, elle est célébrée le deuxième dimanche suivant Noël. Épiphanie est un mot d'origine grecque, qui signifie « manifestation » ou « apparition ». La fête s'appelle aussi « Théophanie », qui signifie « manifestation de Dieu ».
L'Épiphanie est donc la fête qui célèbre la manifestation de Dieu aux hommes. Le 6 janvier, on fête les trois grandes manifestations de Jésus Christ : L'adoration des Mages, le baptême du Christ au Jourdain et le premier miracle de Jésus aux noces de Cana. La mention de ces trois manifestations se trouve en ce jour dans les divers textes liturgiques d'Orient et d'Occident, mais en Occident, l'accent se porta surtout sur l'adoration des Mages, et à l'inverse en Orient sur le baptême dans le Jourdain. Depuis l'introduction d'une fête de la Nativité (Noël) le 25 décembre, l'Épiphanie s'est spécialisée de façons diverses selon les confessions et a adopté des sens variés.
Pour l'église catholique, cette fête célèbre surtout la visite de l'enfant Jésus par les mages, relatée dans l'Évangile selon Matthieu. Bien que la Bible ne donne pas leur nombre et ne parle que de savants venus d'Orient, ils sont couramment appelés les trois Rois mages et nommés respectivement : Gaspard, Melchior et Balthazar.
Le récit de Matthieu ne dit presque rien sur les Mages. Il ne dit pas qu'ils sont trois et que ce sont des rois. Il signale seulement que ces mages venaient d'Orient.
Qui étaient-ils ? En fait, dans l'Ancien Testament, nous n'avons trace de "mages" qu'au début du livre de Daniel. L'épisode se déroule justement en Orient, à Babylone. Le roi Nabuchodonosor est profondément troublé par un songe. Il convoque les mages de son pays pour qu'ils puissent interpréter ce songe étrange. Chez les Perses et les Mèdes les mages constituaient une caste sacerdotale; ils formaient le conseil secret des rois, administraient les affaires religieuses et se vouaient à l'étude de l'astronomie.
C'est Origène (185-254), dans ses Homélies sur la Génèse, qui, le premier, fixe leur nombre à trois en se basant sur les trois présents (or, encens, myrrhe) et en établissant une relation avec les trois personnages (Abimélek, Ahuzzat et Pikol) rendant visite à Isaac (Gn 26,26-29).
Les noms traditionnels de Gaspard, Melchior et Balthazar apparaissent pour la première fois dans un manuscrit du VIe siècle, conservé à la Bibliothèque nationale de France à Paris et intitulé Excerpta Latina Barbari. Ils y sont désignés sous les noms de Bithisarea, Melichior et Gathaspa. Vers la même époque, ils apparaissent dans un écrit apocryphe, l'Évangile arménien de l'Enfance, qui leur donne les noms de Balthazar, Melkon (Melchior) et Gaspard.
Plusieurs Pères de l'Eglise, dont en premier Tertullien ont attribué aux mages le titre de roi, sans apporter de raison convaincante à ces affirmations.
En fait c'est la référence à plusieurs versets d'Isaïe et aux prédictions de l'Ancien Testament (Psaumes, 72,10-11) qui établit définitivement la Tradition : Les rois de Tarsis et des Iles rendront tribu / Les rois de Saba et de Seba feront offrandes / Tous les rois se prosterneront devant lui / Tous les païens le serviront.
Le premier aurait été roi de l'Inde, le second roi des Arabes et le troisième roi des Perses.
Ils sont guidés par une étoile « qui se lève à l'est » (selon la Peshitta). On a souvent cherché ce qu'était cette étoile des mages. Par exemple, on a suggéré qu'elle aurait pu être la comète de Halley, qui justement est passée à proximité de la terre vers l'an 11 avant J.-C. Cette date correspond à peu près avec celle où on a estimé que Jésus est né: 6 ou 7 ans avant notre ère.
Un grand astronome, Kepler, suggéra que l' étoile des mages aurait pu être une nova. Cette théorie est renforcée par la découverte d'un astronome chinois qui, dans les archives des Chroniques chinoises, a remarqué qu'un objet céleste, qui aurait pu être une nova, a été repéré vers l'an 5 avant J.-C.
Une autre hypothèse sur l'étoile des rois mages est celle de la conjoncture des planètes Jupiter et Saturne puis de Mars, vers l'an 6 avant J.-C. Tous ces mouvements uniques des planètes auraient pu être interprétés par des astrologues comme signe d'un important événement proche. Or les Mages étaient sans doute astrologues.
On note que l'étoile Spica (dénommée Al Zimach en arabe, ou Tsemech en hébreu, ce qui signifie « de la branche de David ») est l'étoile qui, en l'an 2 av.-J.-C., se lève exactement à l'est le jour de l'équinoxe de printemps. Ce phénomène, dû à la précession de l'axe polaire autour d'un axe imaginaire tous les 25 900 ans, était déjà connu des astronomes du Moyen-Orient. L'étoile les guide donc jusqu'au lieu de naissance de Jésus. Ils offrent des cadeaux au Christ : de l'or, de l'encens et de la myrrhe. » (Matthieu, II.)
Selon une interprétation théologique traditionnelle, ils se rapportent à trois aspects de Jésus, qui est roi (l'or), qui est Dieu (l'encens, utilisé pour le culte), mais qui est aussi véritablement homme, et donc mortel (la myrrhe est la résine odorante du balsamier, qui servait à embaumer les morts).
Le récit de la visite des mages exprime une manifestation de Dieu aux païens. Une étoile les met en marche et les conduit jusqu'à l'enfant Jésus.
Tout le récit souligne le contraste entre l'attitude des mages et celle d'Hérode et des scribes de Jérusalem devant la manifestation divine. Les mages, qui sont des païens, se mettent en marche, sur le signe de l'étoile, à la recherche de l'enfant qui vient de naître. Quand ils le trouvent, ils éprouvent une grande joie, se prosternent devant lui et lui offrent des présents.
Par contre, en apprenant l'apparition de l'étoile et l'arrivée des mages, Hérode et tout Jérusalem fut prit d'inquiétude. Le roi Hérode veut faire périr l'enfant qui pourrait devenir pour lui un rival : le roi messie. Les chefs des prêtres et les scribes, qui connaissent pourtant les prophéties sur la naissance du messie à Bethléem, ne cherchent pas à le connaître.
"Jésus étant né à Bethléhem en Judée, au temps du roi Hérode, voici des mages d'Orient arrivèrent à Jérusalem,
et dirent: Où est le roi des Juifs qui vient de naître? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l'adorer.
Le roi Hérode, ayant appris cela, fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.
Il assembla tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple, et il s'informa auprès d'eux où devait naître le Christ.
Ils lui dirent: A Bethléhem en Judée; (...)
Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et s'enquit soigneusement auprès d'eux depuis combien de temps l'étoile brillait.
Puis il les envoya à Bethléhem, en disant: Allez, et prenez des informations exactes sur le petit enfant; quand vous l'aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j'aille aussi moi-même l'adorer.
Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici, l'étoile qu'ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu'à ce qu'étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s'arrêta.
Quand ils aperçurent l'étoile, ils furent saisis d'une très grande joie.
Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l'adorèrent; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l'or, de l'encens et de la myrrhe.
Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Lorsqu'ils furent partis, voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, et dit: Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, fuis en Égypte, et restes-y jusqu'à ce que je te parle; car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire périr.
(...) Alors Hérode, voyant qu'il avait été joué par les mages, se mit dans une grande colère, et il envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléhem et dans tout son territoire" (évangile de Matthieu, 2-1 à 2-16)
voir à ce sujet l'épisode du massacre des saints Innocents: viewtopic.php?f=24&t=78698&p=1927068&hilit=innocents#p1927068
L'épiphanie, comme tout le cycle de Noël, est loin d'être d'origine purement chrétienne, mais tire son fond et son sens des célébrations païennes de la Lumière. En effet Noël est un cycle avant d'être un jour, un cycle qui atteint son apogée au jour du solstice d'hiver le 25 décembre, et cette nuit du Solstice qui est la plus longue de l'année signifie le retour ou la naissance de la Lumière. Puis la célébration se prolonge durant un nombre de jours hautement symbolique: 12 jours. Ainsi Noël est une fête qui dure 12 jours et 12 nuits, le 12 représentant entre autres la Totalité (12 mois, 12 heures, 12 Apôtres, 12 Dieux Olympiens, etc... La fin du cycle est donc le 6 janvier. C'est à ce moment que les jours commencent à rallonger de façon sensible, que la promesse de la nuit solsticiale est tenue. On célèbre donc l'Epiphanie, la manifestation de la Lumière. La galette symbolise par sa forme ronde le soleil. Il est à noter également que c'est ce jour qu'était la fête des 12 Dieux Epiphanes (autrement dit les 12 Olympiens). Le christianisme s'est coulé dans ce moule dont le sens éternel n'est pas altéré, le Christ étant assimilé à la Lumière.
D’après l’Évangile arabe de l’Enfance (6, 1), les mages, de retour chez eux, jettent dans un feu sacré un lange de l’Enfant-Jésus offert par Marie. Le feu qui, selon leurs coutumes, purifie tout ce qui impur, laisse le lange intact. Ce récit signifie le triomphe du christianisme sur le culte zoroastrien.
La Légende dorée de Jacques de Voragine résume les croyances du temps: Sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin Ier, aurait retrouvé les reliques des rois mages vers 330 et les avait transportées à Constantinople, d'où elles avaient été transférées à Milan, avant d'aboutir à Cologne, où ils sont depuis proposés à la vénération des fidèles dans une châsse en or dite châsse des rois mages, exposée dans le choeur de la cathédrale.
Quant aux présents que les rois mages auraient fait à l'Enfant, ils seraient actuellement conservés au monastère Saint Paul du Mont Athos, dans un reliquaire en or du XVe siècle.
Le jour de l'Epiphanie, dans plusieurs pays d'Europe, on partage la galette des rois. La tradition veut que l'on partage la galette en autant de parts que de convives, plus une. Cette dernière, appelée « part du Bon Dieu », « part de la Vierge » ou « part du pauvre », était destinée au premier pauvre qui se présenterait au logis.
Une légende russe raconte que le quatrième roi mage serait le père Noël. En Finlande, on raconte aussi que le père Noël est ce quatrième roi mage qui offre des cadeaux aux enfants car, trop au nord de la planète pour voir l'étoile du Berger à l'époque, il n'aurait jamais atteint Bethléem. En Espagne, ce sont également les rois mages qui apportent des cadeaux aux enfants.
Adoration des Mages, Cappadoce, fresque XIIe siècle
Adoration des Mages, icône bizantine, Museu Cristão e Bizantino, Atenas.
Fra Angelico, National Gallery of Art (Washington)
Maître de Messkirch (1538), église Saint-Martin de Messkirch
L'adoration des Mages peint par Matthias Stom (vers 1600-1650)
Lorenzo Monaco. XVe.
Adoration des rois mages. Gérard David. Flandres. XVIe.
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