Je crois être un peu sur la même ligne que Jubilator : républicain de gauche mais qui s'éloigne de la gauche sur plusieurs points.
Comme par exemple? Au niveau politique? Economique? social?
Ce qui me fait éloigner de la gauche traditionnelle en premier lieu, depuis quelques années, c'est une question sociétale : l'abandon des valeurs républicaines au profit du multiculturalisme, la tolérance envers les communautarismes parfois les plus obscurs.
Sur le plan économique et social : je suis pour garder le modèle qui prévaut depuis 1945, à savoir un juste équilibre entre étatisme, corporatismes (patronat - syndicats) et marché. Seulement il faut le dépoussiérer et l'adapter à l'environnement actuel. 67 % de dette publique, 3 % de déficit par an : on ne peut pas continuer comme ça, sous peine d'aller un jour à la banqueroute. Il faut faire maintenant des choix, entre ce qui est essentiel, et ce qui est secondaire, et ainsi tailler dans certaines dépenses publiques. Le seul candidat tenant ce discours de vérité actuellement est François Bayrou. Même si je condamne la mondialisation dans ses grands traits, et qu'elle est à mon avis vouée à l'échec à terme, la France ne peut pas avoir éternellement raison contre le reste du monde, et doit s'adapter un minimum à la donne internationale, et tenter de retrouver sa place dans le monde.
Réforme de l'Etat, de la Sécu : une fois les finances stabilisées, il faudra revenir sur une trop grande pression fiscale pesant sur les ménages moyens et modestes. N'avez-vous entendu, maintes fois, dans votre entourage, qu'il y en avait marre des impôts ? 35 % de PO il y a 35 ans, 45 % aujourd'hui : nous n'arrêtons pas depuis 25 ans, pour financer notre système de plus en plus coûteux, de créer de nouveaux impôts ou d'en augmenter d'existants : CSG, RDS, taxe d'habitation, redevance télé, TIPP, etc... Il faut de toute urgence revenir à un cercle plus vertueux.
Ensuite le PS.
1°) La direction. Le problème n'est pas que les dirigeants seraient des bourgeois ; il y a toujours eu des bourgeois à la tête du PS (Jaurès, Blum). Le problème est qu'il y a trop d'énarques. Ce sont des gens compétents dans la haute-administration, les entreprises publiques, mais qui sont coupés des réalités, ce sont des gens de dossiers qui ne sont en aucun cas des visionnaires. Un des problèmes de la France est qu'il y a trop d'énarques en politique, et particulièrement au PS.
2°) La base électorale et militante. Le problème n'est pas une forte proportion de profs et de fonctionnaires, il y en a toujours eu. Le problème est la représentativité ouvrière. Le PS a souvent réuni une part non négligeable de l'électorat ouvrier : 10 ou 15 % ou plus ; ce n'est plus le cas aujourd'hui. De même pour les militants : dans les années 80, on comptait encore environ 5 % d'ouvriers au PS, aujourd'hui ils sont inexistants. Au contraire, depuis quelques années les contingents électoraux entrés en force dans le vote PS sont les professions libérales, les cadres depuis les 35 heures, etc... Or, comment peut-on prétendre mener une politique de justice sociale en étant complètement coupé du monde ouvrier et des gens modestes.
De la même sorte, la schizophrénie du PS m'insupporte de plus en plus, et c'est ce qui est en train de le perdre. Pour rassembler les suffrages de gauche, on proclame dans de grands discours, par exemple, qu'il faut au moins stabiliser le nombre de fonctionnaires, ou même l'augmenter. Ou alors de proclamer avec démagogie l'augmentation pure et simple du SMIC. Alors qu'en privé, tous ces dirigeants sont d'accord sur l'incongruité de telles mesures dans le contexte actuel.
Ceci dit, comme je l'ai dit dans un autre fil, si Strauss-Kahn avait été élu candidat du PS, j'aurai probablement voté pour lui car je le juge compétent. Il avait déjà prononcé une phrase du genre : "il n'y a pas de politique économique de gauche, il n'y a pas de politique économique de droite. Il y a une bonne politique économique". J'apprécie cette franchise et ce réalisme.