chevalier-du-temple
La dernière Tentation du Christ, film de Martin Scorcese sorti en 1988 et qui a scandalisé aux Etats-Unis.
Je crois me souvenir qu'un groupe intégriste (mais cela n'a pas été prouvé, je crois) serait responsable d'un incendie dans un cinéma de New York. Une bombe a explosé, mais il n'y avait pas de spectateurs dans la salle, donc pas de victimes. C'est le terrorisme propre au fondamentalisme chrétien : on s'assure quand même qu'il n'y a personne avant de faire sauter l'immeuble. Même dans le terrorisme, on n'oublie pas l'amour du prochain.
Dans ce film, que j'ai vu, et qui est loin d'être le meilleur de Scorcese, qui nous avait habitué à un tout autre niveau, le récit fait de la Passion ne modifie rien d'essentiel sauf, à la fin, la Tentation. On voit Jésus fantasmant une relation avec Marie Madeleine (ou une autre, je ne suis plus sûr). L'aspect sexuel est secondaire (rien de cru n'est montré), l'idée c'est plutôt que le Christ aurait été tenté par l'idée de lâcher l'affaire (celle de la rédemption du Monde) et aurait cédé au désir de se marier, fonder une famille, etc.
L'idée de tentation du Christ n'a rien d'hétérodoxe, elle est un élément important du récit de la Tentation. Sauf erreur, Jésus est visité trois fois par Satan, qui essaye de le ramener à "sa cause" (si on peut dire). Jésus résiste, bien entendu (le fameux "vade retro satanas").
Il est à noter que Satan ne lui fait pas miroiter des fantasmes sexuels, comme de se taper 72 vierges en chaleur. Satan connaît son métier, il nous attire par nos points faibles. Dans cet épisode Satan veut corrompre Jésus avec le leurre du Pouvoir : Il l'emmène sur une montagne avec une vue panoramique immense et lui dit que tout ce qu'il voit sera à lui, qu'il sera le boss, s'il consent à travailler pour lui (pour Satan). Jésus décline le don, il refuse que son enseignement soit simplement l'imposition d'un pouvoir.
Pour revenir à la question du rapport avec la femme, le célibat du prêtre s'appuie sur l'imitation de Jésus-Christ. C'est historiquement un fake ; il est hautement improbable que Jésus fut célibataire. C'est théologiquement contestable : aucun texte évangélique ne mentionne cet aspect. De fait, les prêtres Protestants et les Orthodoxes n'admettent pas ce principe et se marient allègrement, sans avoir l'impression de trahir le Christ. De fait, ils ne le font pas, encore une fois, Jésus n'a pas dit cela.
Ce que je ne dis pas, moi, c'est que le mariage soit une solution : ce n'est pas parce qu'ils seraient mariés que les prêtres s'abstiendraient d'être des agresseurs sexuels. Le mariage n'est pas la réponse à l'adultère. C'est pas parce que j'ai une femme que je n'en désire pas une autre. Plutôt l'inverse, si vous autorisez le paradoxe : ce n'est pas bien que, mais parce que j'ai une femme que j'en veux une autre
Je m'étonne de l'étonnement sur le cas de l'Abbé Pierre. Il a lui-même reconnu avoir commis quelques accrocs au contrat qui le liait avec notre Seigneur. Il a précisé que cela n'avait pas été de façon durable. Il voulait dire, je suppose, qu'il n'a pas vécu "à la colle" pendant des années avec une régulière comme le font certains curés, que c'étaient plutôt des relations occasionnelles. Le point qui semblait le préoccuper était donc le caractère transitoire ou permanent de la relation. En revanche, il ne semble pas avoir été retenu par le caractère consenti ou forcé du rapport. Changement de perspective avec le changement d'époque. Ce qui l'inquiète, c'est qu'il n'avait pas le droit de coucher, nous, on s'en fout, on veut juste savoir si la fille (ou le garçon) était d'accord.
J'ai entendu (aux infos sur France Cu) que ses embardées hors de la droite ligne pastorale expliquaient pourquoi l'Abbé Pierre se montrait assez réticent quand certains de ses proches évoquaient sa future béatification. Ils suggéraient que l'Abbé ne se croyait pas le nez propre pour devenir un Saint, pour cette raison.
Pour le côté "médiatique", c'est vrai qu'on a peu parlé de cette affaire, mais c'est un abus de le présenter comme un scoop, c'était connu. On peut chercher des complots si on y tient absolument, mais je crois surtout que personne n'avait ou n'a envie de dire du mal de l'Abbé Pierre. Et qu'au moins, s'il a des ennemis, ils n'ont pas encore osé une attaque aussi basse, eu égard à la valeur insigne de son message.