Enfin une analyse plus réfléchie pour la fin du conflit:
Jeffrey Sachs (université de Columbia): "Je ne crois pas que les États-Unis ou l’Ukraine puissent 'gagner' cette guerre"
Jeffrey Sachs alterne le pessimisme de la raison et l’optimisme de la volonté.
Cet économiste américain de 67 ans, directeur de l’Institut de la Terre auprès de l’université Columbia, est un observateur attentif de la scène mondiale autant qu’un spectateur engagé, depuis des décennies le conseiller spécial des secrétaires généraux des Nations Unies et d’un grand nombre de dirigeants politiques à travers la planète.
Il met en garde contre le danger du retour des logiques de puissance et d’affrontement à travers le monde.
Une paix négociée se traduirait par la neutralité ukrainienne et le non-élargissement de l’Otan.
Or, ceci va à l’encontre de la politique américaine qui vise à encercler la Russie dans la région de la mer Noire.
Pour cette raison, les États-Unis ne sont pas encore prêts à accepter un accord fondé sur la non-expansion de l’Alliance atlantique.
Et il s’agit là d’une grave erreur, commise dès 2008, avec la promesse d’adhésion faite à l’Ukraine et à la Géorgie, malgré l’opposition de nombreux pays européens.
L’Europe doit se poser en chef de file et encourager, par tous les moyens et au plus vite, une paix négociée.
Une entente qui devrait être fondée sur la souveraineté et la neutralité de l’Ukraine, le retrait de l’armée russe, le non-élargissement de l’Otan, la fin des sanctions et, surtout, sur un nouvel équilibre de la sécurité à l’échelle du continent. Celle à long terme de l’Ukraine devrait être garantie par le Conseil de sécurité de l’ONU, ce qui permettrait aussi à la Chine de jouer un rôle constructif.
L’Europe doit comprendre que ses intérêts vitaux ne coïncident pas avec l’hégémonie américaine et l’élargissement de l’Otan, une alliance défensive qui ne doit pas se transformer, comme cela s’est produit en Afghanistan, Libye ou Serbie, en une « force expéditionnaire» des États-Unis.