Le péril cathare n'était pas imaginaire, il était très grand au 12ème siècle.
L'hérésie gagnait du terrain dans les zones chrétiennes et rien ne semblait pourvoir l'arrêter. Les régions les plus touchées étaient l'Italie et la France du Midi. Elle se répandit jusque dans les Etats pontificaux, jusqu'en Calabre. Dans des villes comme Vérone, Rimini, Ferraré, et Trévise l'hérésie était puissante et à Plaisance, le clergé catholique fut chassé. Tellement puissante qu'au début du 13ème siècle, qu'à Rome fonctionnait une école où l'on enseignait au grand jour le catharisme.
La situation était encore plus grave dans le Midi de la France, dans le Languedoc le Toulousain et ses abords, jusqu'aux confins pyrénéens et au pays d'Albi qui donna son nom à l'hérésie. L'Eglise etait en pleine decadence, les vices et la simonie étaient partout et la vie de certains prêtres était scandaleuse. Comment donc le catharisme n'aurait-il pas fait des progrès ?
Une partie du clergé catholique était liée aux hérétiques par la parenté ou la camaraderie. Il n'était pas rare qu'un prêtre ou un évêque catholique ait un frère ou une soeur cathares. il acceptaient les invitations et l'hospitalité des Parfaits et assistaient même à leurs cérémonies. Minée de l'intérieur l'Eglise du Midi avait littéralement abdiqué.
Plus grave encore, les pouvoirs publiques étaient gagnés l'hérésie. La quasi-totalité des eigneurs étaient complices des cathares. les enfants des classes riches étaient élevés dans leurs écoles tandis que les veuves se retiraient dans les couvents de Parfaites. Une fois passe a l'heresie, les Barons avaient un excellent prétexte à s'emparer des biens du clergé. De hauts seigneurs comme le Raymond VI de Toulouse ne se privaient pas de piller les couvents, et de brûler les églises ou de chasser les évêques de leur siège. Un seigneur comme Raymond Roger de Foix avait transformû son château de Fanjeaux en séminaire cathare. Les vicontes de Béziers et de Carcassonne étaient des hérétiques. Presque que tous les petits seigneurs avaient partie liée avec l'hérésie. Tous les centres urbains du Midi étaient pénétrés par le catharisme, à l'exception de Narbonne, Montpellier et Nîmes.
Pendant un demi siècle, l'Eglise n'utilisa contre les cathares que les armes de la charité, de la prédication et de la discussion publique. En effet, une Croisade spirtituelle précéda la Croisade des guerriers. Finalement, en 1119, au concile de Toulouse, le danger de l'hérésie fut dénoncé et les zélateurs de cette secte furent excommuniés mais cette mesure ne ralentit pas le progrès des cathares. Une mission fut envoyée afin de ramener les hérétiques à la vraie foi Cette misison composée du cardinal Albéric Geoffroy, évêque de Chartres et saint Bernard une fois arrives en Languedoc, rapportèrent que les basiliques étaient sans fidèles et sans prêtres, qu'il n'y avait plus que des chrétiens sans Christ. Ils se mirent à la besogne en obtenant que quelques résultats. Une fois partis, les hérétiques reprirent le dessus. On alla jusqu'à installer des cisterciens dans les provinces contaminées afin d'endiguer le flot cathare, mais leur parole ne suffit pas à rétablir la situation.
Au concile de Lyon en 1163, on interdit de protéger ou de tolérer les hérétiques et de confisquer leurs biens. A nouveau, au concile de Latran on poussa à nouveau un cri d'alarme et on poussa même les fidèles à s'armer contre les hérétiques. C'est alors qu'Innocent III annonça son intention de combattre l'hérésie.