Bonjour, La quantophrénie est la pulsion irrésistible à vouloir tout quantifier. Ce type de manie devenue peut-être une mode n'a pas cessé de se développer depuis la vulgarisation des tableurs et autres avancées informatiques. On assiste donc à la quantification parfois hasardeuse de tout et n'importe quoi. Donc la question qui se pose est de savoir si cette quantophrénie ne risque pas finalement de nous égarer plutôt que de nous éclairer ? Cordialement.

zenon finalement de nous égarer plutôt que de nous éclairer ? Bonjour ZENON. Cette volonté de tout quantifier, c'est le propre des activités professionnelles. Le professionnel doit quantifier pour répondre à son contrat, et son besoin économique. En fait, le fait de quantifier, est-ce un besoin ? Ou est-ce une envie ? Bien cordialement.

Francois27 Bonjour, Je pensais que la quantophrénie par son aspect mathématique procure une information qui réduit sa part d'incertitude. Le problème est que la quantité faramineuse d'informations produites à partir de l'obsession du calcul peut aboutir à paralyser la prise de décision ou encore mener à des décisions très imparfaites . Cordialement.

zenon Oui, c'est vrai. En fait, on peut cerner, voire comprendre un objet, sans avoir besoin de le quantifier. C'est l' art d'une intelligence tout à fait naturelle. On peut comprendre un événement, alors qu'on n'en possède aucune valeur numérique. C'est même la façon spontanée de comprendre. C'est vrai que ça permet de simplifier de beaucoup la vision qu'on a de l'événement. Bien cordialement.

zenon Ce type de manie devenue peut-être une mode n'a pas cessé de se développer depuis la vulgarisation des tableurs et autres avancées informatiques. Le truc où il faut être, c'est les réseaux de neurones, qui permettent de traiter des quantités d'information considérables sans que personne n'y comprenne rien.

cheshire-cat Bonjour à tous. Oui, cheshire-cat, c'est vrai. Pourtant, dans les «Réseaux de Neurones», c'est bourré de numérique, mais ça, c'est juste pour faire les calculs intermédiaires. Bon, en fait, dans les réseaux de neurones, je connais actuellement deux applications, mais je ne suis pas forcément bien informé sur ce sujet. La première application, c'est de synthétiser un ensemble de points (comme sur une photo en pixels), et d'en extraire les «traits» principaux. Ça permet ensuite de se rapprocher d'une autre image, et de voir le «taux de similitude », et, donc, d'en tirer en conclusion de savoir si l'objet (ou la personne) est le même sur les deux images. Et puis, une seconde application, c'est de rechercher des corrélations dans une «Base de Données ». CàD, de voir si une donnée évolue de façon coordonnée avec une autre donnée. Bon, tout ça nous éloigne du Thème de la «Quantophrénie » ... Bien cordialement

zenon Je partage la même croyance, et je ne suis pas sûr que les neurones jouent un grand rôle là-dedans. On veut nombrer pour être rassuré - ou pour être "certain" - et on a besoin d'être certain parce que sinon les décisions qu'on prend risquent de planter. Donc "science d'où prévoyance, prévoyance d'où action" (Auguste Comte). Action efficace et pertinente, il veut dire. Pour les éléments d'incertitude qui ne peuvent être réduits, il y a plein de modèles mathématiques qui en tiennent compte. Ca ne change rien au fond, je veux dire la mathématisation intégrale du réel - mathesis universalis - ce n'est pas parce qu'on complique des algorithmes simplets qu'on a changé la nature de l'approche.

Francois27 Bon, en fait, dans les réseaux de neurones, je connais actuellement deux applications, mais je ne suis pas forcément bien informé sur ce sujet. En faisant un détour par le Wikipédia anglophone, vous trouverez nombre de champs d'application. https://en.wikipedia.org/wiki/Artificial_neural_network#Applications Si vous ne lisez pas l'anglais, vous pouvez essayer avec la traduction Google, laquelle utilise un réseau de neurones.

courtial Bonjour, Plus on avance dans le temps plus la "mathesis universalis " gagne du terrain. On peut penser les mathématiques cloisonnées dans la science et la finance. Mais dans une société où tout devient scientifique avec particulièrement l'écologie la voie est totalement libre à la mathématisation de tout et n'importe quoi. Le problème est aussi le suivant : si on calcule c'est pour agir. Si on calcule sur tout on sera confronté à une action sur tout c'est à dire in fine sur rien. Restent donc les calculs comme décorums de la vie quotidienne. Autre aspect de la quantophrénie est qu'elle est principalement alimentée par l'informatique ce qui est l'occasion de vulgariser des notions en les vidant de leur sens ou même en détournant leur sens. C'est là l'aspect formel d'un nouveau vocabulaire qui se crée mais le réel lui est toujours le même. Les philosophes ont toujours suspecté le pouvoir que l'on pouvait prendre des sciences et des technologies qui de nos jours sont absorbées comme du petit lait. La force de frappe des mathématiques veille toujours à conforter la domination. Cordialement.

zenon Mais dans une société où tout devient scientifique avec particulièrement l'écologie la voie est totalement libre à la mathématisation de tout et n'importe quoi. Le problème est aussi le suivant : si on calcule c'est pour agir. Si on calcule sur tout on sera confronté à une action sur tout c'est à dire in fine sur rien. Je vous voyais venir. Haeckel a fondé l'écologie scientifique, et lui a donné ce nom dans la deuxième moitié du XIX e siècle, Arrhenius a initié l'approche mathématique et prédictive du climat à la fin du XX e siècle. La science ne dit pas ce qu'il faut faire, elle fait des prédictions. En ce qui concerne la prise de décision les prédictions utiles sont des prédictions conditionnelles du type "si vous faites ceci,il se passera ceci ; si vous faites cela, il se passera cela". Ensuite vous faites ce que vous voulez en connaissance de cause. En ce qui concerne le climat la science est claire : si on ne fait rien, on va à la catastrophe. Seuls ceux qui n'ont pas de critères pertinents pour distinguer ce qui est science de ce qui est charlatanisme y voient une situation confuse et préconisent de ne rien faire pour préserver leur routine matérielle et intellectuelle.

zenon particulièrement l'écologie, la voie est totalement libre à la mathématisation de tout et n'importe quoi. Bonjour à tous. Bon, ça, c'est bien vrai. Maintenant, introduire des Maths dans l'étude d'un phénomène, genre «Écologie» par exemple, ça a bien du sens. Par contre, si un modèle mathématique ne correspond pas à la réalité du sujet analysé, Alors, le modèle déduira un résultat erroné. En conséquence, ce qu'il est nécessaire de contrôler, c'est la pertinence d'un modèle mathématique. Et là, la pertinence n'est pas toujours évidente à démontrer. Mais, ne pas démontrer la pertinence, c'est une paresse intellectuelle, c'est un coup à se faire recaler par n'importe quelle communauté scientifique. Bon, c'est un point de vue, ça se discute. À bientôt.

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La quantophrénie

zenon

courtial Bonjour,

Je ne vise pas les mathématiques mais le comportement humain qui voudrait tout quantifier. Avant il y avait Picsou pour qui une capsule de Coca c'est 3 cents , un téléviseur 80 Dollars, une île aux Caraïbes 20 millions. Mais Picsou ne se manifeste que si on le sollicite. De nos jours c'est différent il y a une vulgarisation massive des méthodes scientifiques pas de la science. Les écologistes par exemple sont des champions de la quantification aveugle. On en vient à dire qu'une lessive c'est trois pommes de terre au Kenya ou qu'un steak haché c'est 200 litres d'eau etc .... C'est cela la quantophrénie dont je parle. On abandonne peu à peu la quantification par l'argent pour la quantification par les éléments naturels ce n'est pas mieux Et bien entendu ces éléments naturels sont considérés comme des stocks immuables. On ne va pas reprocher à Nietzsche de dresser un portrait de l'homme qui n'est pas compatible avec le souci de faire des économies d'énergie Un cogito peut très bien être fondé sur une folle exubérance ... Je ne vois pas quelle saveur pourrait avoir la vie d'un homme une fois dépourvue de tout sens de l'excès.

Cordialement.

courtial

zenon Je ne vise pas les mathématiques mais le comportement humain qui voudrait tout quantifier. Avant il y avait Picsou pour qui une capsule de Coca c'est 3 cents , un téléviseur 80 Dollars, une île aux Caraïbes

OK, mais il faut prendre une proposition plus radicale. La mathématisation voulait dire d'abord qu'il faut déshumaniser la question. Dans l'esprit de Descartes et avec les moyens intellectuels dont il disposait, et avec la langue qu'il parlait, cela avait le sens de "mentem a sensibus abducere", ce qui veut dire que l'esprit (mens, ça devient mentem à cause de l'accusatif) se détache, s'éloigne, s'abduque (si j'ose, se déconduit, il y a l'idée de "ducere") des fantasmes et des illusions de ce qui est seulement senti, de ce que les Anciens tenaient pour des "qualités sensibles" et qui sont renvoyés à des affects inconsistants et leurrants par principe.

cheshire-cat

courtial Le raisonnement mathématique, qui a ses exigences propres, ne tolérait que les conclusions nécessaires, "ces longues chaînes de raisons toutes simples et faciles dont les géomètres ont coutume de se servir..." (Descartes). Bref, le régime du mathématiquement acceptable est celui de la nécessité.

Un raisonnement mathématique parfaitement rigoureux peut avoir pour conclusion une mesure de probabilité, qu'on peut considérer comme une contingence quantifiée. Un outil incontournable.
"La nature ne nous autorise à calculer que des probabilités. Mais la science n’a pas pour autant trouvé ses limites. - Lumière et matière de Richard Phillips Feynman -

Par ailleurs, faute de probabilité, on peut aborder la notion de contingence en logique mathématique par les logiques modales.

zenon

courtial Bonjour,

Je ne peux pas vous répondre sur le fond puisque je n'ai qu'une connaissance superficielle de Descartes. Ceci étant on comprend l'idée d'une mathématisation qui va au dela de la perception sensible même un tant soit peu raisonnée. Sans parler non plus des illusions pures qui sont d'un autre domaine. Le miracle des mathématiques vient du fait qu'elles révèlent des choses plus vraies que nature si j'ose dire. Mais jamais Descartes ou un autre n'ont plaidé pour un esprit de mesure devenant une fin en soi. C'est le reproche que je fais au monde actuel est d'user voir d'abuser des méthodes scientifiques où les mathématiques ont une large place à des fins commerciales voir politiques. Je prend un exemple dans le tas. Comment peut-on mathématiquement cerner une idée en politique comme celle de la justice sociale domaine prédestiné au Droit ? En arguant que le revenu juste serait se x euros ? Ou comme on dit que le reste à vivre serait égal à x % du revenu global ? Cela me parait viser un détail qui grossit du fait de la renommée de son lieu de production.

Cordialement.

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