[Cette réponse se veut descriptive, sans jugement de valeur]
Ces sanctions servent à nous rappeler que d’un côté de l’océan Atlantique comme de l’autre, les élections approchent à grands pas.
Voyez-vous, ces sanctions (beaucoup parleraient plutôt de « mesures de rétorsion ») occidentales sont, pour la plupart, inutiles et d’une folie inégalée.
Non seulement ces sanctions n’atteindront-elles jamais leurs objectifs — c’est-à-dire la cessation des hostilités en Ukraine, l’impossibilité pour Poutine d’accomplir ses objectifs et surtout la chute du régime de Poutine — elles pourraient également empirer la situation.
En effet, les ultras-nationalistes (véritables idéologues), seule alternative sérieuse à Poutine, pourraient arriver au pouvoir (nos gouvernements les soutiennent, tout comme ils soutenaient naguère les islamistes au nom de la realpolitik), si par magie les sanctions réussissaient.
Ces derniers, souvent religieux et d’un fanatisme sans limites (en comparaison, nos nationalistes à nous sont des poupées barbies), romancent la Russie tsariste et partagent les mêmes ambitions impérialistes, mais cette fois-ci par pure idéologie.
Contrairement à Vladimir Poutine, il ne s’agirait pas d’acteurs raisonnables, mais d’acteurs impulsifs (comme lors de la présidence Trump).
Pire encore, les sanctions occidentales augmentent considérablement les tensions avec nombre de pays neutres, tout en poussant la Russie dans les bras de la Chine — tandis que l’Inde, jusqu’alors un allié tacite de Moscou, renoue avec le Pakistan, un allié chinois (qui plus est, les sanctions menacent le statut de monnaie de réserve du dollar Amérique).
Voyez-vous, pour faire respecter les sanctions, pays européens comme États-Unis et autres pays anglo-saxons — qui s’insurgent pourtant à l’idée que Poutine s’arroge un droit de véto sur la politique étrangère que mène l’Ukraine — interdisent aux pays non-alignés de commercer avec la Russie sous peine d’amendes.
Contraindre les pays du monde entier, y compris ceux qui dépendent des exportations de blé russes (Égypte, Algérie, etc.), à se positionner par rapport à ce conflit et rejeter l’idée de neutralité ne peut que nuire à notre image au long terme (d’où l’introduction de certaines exceptions et exemptions, rendant les sanctions d’autant plus inutiles).
Oui, grâce aux sanctions ou plutôt la peur de certains pays de s’exposer à des amendes, plus ou moins 70% de l’Assemblée générale de l’ONU, qui, rappelons-le, n’a aucun pouvoir ni en pratique ni en théorie, condamna l’invasion russe de l’Ukraine.
Et tout ça pour quoi faire ?
Rien de bien concret, car il ne s’agit que d’un geste symbolique sans réelles conséquences, qui s’est fait au prix de nombre de nos relations bilatérales.
Sachez également que les sanctions n’atteignent leur objectif que 22% des fois (selon de récentes études universitaires américaines), d’autant plus que nos sanctions contre la Russie n’affectent pas directement son industrie gazière.
Or, l’économie russe dépend de l’État russe à hauteur de 70%, notamment en raison des compagnies gazières nationalisées (comme Gazprom).
En d’autres termes, aujourd’hui même, l’UE (surtout l’Allemagne) finance indirectement l’effort de guerre russe…
Jusqu’à ce que les choses changent (la transition va prendre des décennies, car il faudra se doter des infrastructures nécessaires pour importer du gaz liquéfié depuis les États-Unis et le Canada), nos sanctions ne sont que gesticulations idéologiques/mélodramatiques.
Comme en 2014, après l’annexion par la Russie de la Crimée, l’économie russe prendra un coup pendant quelques années (≈ 2 ans) avant de rebondir une fois qu’elle se sera réorientée vers la Chine et l’Inde, d’autant plus qu’elle y été préparée cette fois-ci (les Russes avaient prévu leur invasion, d’où leur accord avec la Chine).
Raisons pour lesquelles je crois réellement que ces sanctions n’ont que des vertus cathartiques.
Elles servent à faire oublier aux populations l’inflation (notamment la flambée des prix de l’essence) et à pousser les électeurs à voir en leurs chefs des combattants de la liberté.
La seule autre option serait que nos dirigeants soient écervelés et qu’ils fassent collectivement preuve d’une incompétence crasse.
Dans l’absolu, il est possible que ces sanctions aient pour but d’affaiblir l’industrie de l’armement russe, qui dépend énormément de l’Occident (surtout de la France) — auquel cas les puissances occidentales se fichent éperdument de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et instrumentalisent le conflit.
Entre-temps, la population ukrainienne, Zelenskyy en particulier, comprend petit à petit que les puissances occidentales n’ont jamais sérieusement envisagées d’aider l’Ukraine au-delà de quelques gestes pour la plupart symboliques et de mesures insignifiantes.
Nos dirigeants, notamment Joe Biden, ont poussé les Ukrainiens à jouer avec le feu et surtout à franchir la ligne à ne pas dépasser selon le Kremlin* et ne sont pourtant pas foutu de défendre l’Ukraine — préférant plutôt la jeter en pâture (l’adhésion accélérée à l’UE de l’Ukraine n’est plus sur la table, l’OTAN refuse de prendre le risque d’admettre l’Ukraine et les USA refusent d’autoriser l’envoi de MIG polonais en Ukraine).
Résultat, les Ukrainiens (qui ne peuvent évidemment pas endurer de telles souffrances éternellement) acceptent peu à peu chacune des demandes russes (les Israéliens, agissant comme médiateurs, leur conseillent même de tous les accepter).
Étant donné la taille de la Russie, plus la guerre dure, plus l’avantage russe augmente (d’où, évidemment, l’importance pour Poutine de stabiliser le taux de change du rouble).
Ainsi le pari de Poutine & cie semble-t-il gagné !
Comme prévu, nos dirigeants sont des couards.
La seule personne respectable étant Zelenskyy, victime de l’agression russe et des promesses occidentales.
Bref, nos sanctions sont vindicatives, pas stratégiques/tactiques.
Donc, malheureusement, inutiles !
*P.S — En mars 2021, Zelenskyy a signé un décret pour reprendre la Crimée et pour mettre fin à la rébellion au Dombas (un chef d’État se doit de défendre l’unité de son pays et son intégrité territoriale, notamment face aux intrusions de pays hostiles).
Les forces armées ukrainiennes ont ainsi commencé à se positionner pour l’offensive début 2022 (il est tout juste impensable que les Ukrainiens aient prévu une telle opération seules, sans l’aval de l’OTAN), d’où l’encerclement des forces ukrainiennes au Sud.
C’est pour cela que les Russes envahissent l’Ukraine et non la possible adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, qui n’est qu’une raison sous-jacente, encore moins les justifications propagandistes (lutte contre le fascisme/nazisme, etc.).