Dans cette histoire, le plus révélateur est bien que tout le monde accepte le changement de sexe comme une possibilité.
Les scientifiques matérialistes s'estiment très intelligents parce qu'ils ont supprimé l'idée de cause finale, la possibilité que la loi naturelle soit aussi une loi morale. Nous risquons simplement d'en payer le prix. S'il n'y a pas de loi morale comme réalité existante, qui d'ailleurs n'est de toute façon pas l'objet des sciences naturelles, le bien soit n'existe pas, soit est une idée qui naît de l'imagination des hommes, qui lui est alors relative, qui n'est qu'opinion.
Il en résulte que si les désirs de l'homme peuvent rester contre - nature comme on aurait dit jadis, ils ne sont plus mauvais. Tout est envisageable. Ne reste qu'une seule question : a-t-on les moyens de le faire ? Oui, on le fait alors, que sous certaines conditions pour les plus prudents ; non, on trouve alors le moyen de le faire, si c'est possible.
Ces scientifiques risquent de devenir, s'ils ne le sont pas déjà, les esclaves de l'homme : ils s'exposent à la possibilité de devoir servir ses moindres désirs, de les satisfaire d'autant plus facilement à mesure qu'ils perdent la faculté de distinguer le bien du mal, quitte à ce que nos sociétés, dans le sillage des plus insensés ou pervertis, sombrent dans l'hybris ou l'absurde.
Le scientifique matérialiste a le choix : accepter qu'il n'est que dans le vrai, lorsqu'il défend sa conception du monde, qu'il n'est question dans cet article que d'une chose ni bien ni mal ; ou s'interroger à nouveau sur sa conception du monde, ses limites éventuelles, comme nous devrions tous le faire. Qu'il soit cohérent, cela me suffit : je le précise, afin de ménager les susceptibilités.