1- L'esclavage n'est pas une abomination : c'est une institution ou une relation juridique qui organise un rapport social entre un maître et un serviteur. Le serviteur est effectivement réduit à l'état d'objet : le maître l'entretient et le conserve comme il le ferait pour un bien en échange de son travail. La traite des noirs est une forme d'esclavage ; l'esclavage antique en est une autre...
A la différence du noir affranchi qui se sait forcément descendant d'un ou d'esclaves si ses ancêtres sont américains, les descendants de l'affranchi ne se savaient pas forcément descendants d'esclave dans l'Antiquité : car il n'y avait pas de possibilité de le reconnaître. L'esclavage des noirs aux USA sera toujours pomme de discorde car la patrie américaine multiculturelle et multiethnique perd de son sens pour qui regarde le passé : le noir sait que son ancêtre n'était pas américain pour l'ancêtre du blanc.
2- Dans notre société, l'esclavage a été remplacé par le salariat : il n'est plus possession d'un objet, mais contrat de location entre un maître et un serviteur : pendant un temps donné, le patron loue la force de travail d'un homme : un sophisme étant donné que la force de travail d'un homme n'est pas dissociable de l'homme : on loue en fait un homme pendant un temps donné. Comme l'esclavage antique, le salarié est aussi bien ouvrier agricole, ouvrier à l'usine, que professeur ou ingénieur : une multitude de conditions très différentes, qui va de l'autonomie, à la surveillance stricte.
3- l'esclavage n'a pas été aboli que pour des raisons humanitaires. L'esclave coûte aussi plus cher et rapporte moins : il faut entretenir un esclave, tandis que le salarié se débrouille avec son salaire, qu'il suffise ou non aux nécessités de la vie quotidienne ; le salarié a aussi l'obligation d'être productif, surtout lorsqu'il dépend d'un marché de l'emploi, tandis que l'esclave est un oisif qu'il faut contraindre au travail.