Cette souche de la maladie, apparue pour la première fois en 2018, mystifie toujours les scientifiques quant à son origine, pointe CNN.
Hongkong : la mystérieuse hépatite E du rat se propage
Modifié le 09/05/2020 à 10:47 - Publié le 08/05/2020 à 19:33
C'est en 2018 que cette maladie a été détectée pour la première fois. À l'époque, un homme de 56 ans qui vient de subir une transplantation du foie présente des problèmes de santé sans que les médecins puissent en comprendre l'origine. Les tests démontrent qu'il s'agit d'une hépatite E, mais aucune souche humaine du virus ne se trouve dans son corps. Une nouvelle batterie de tests permet alors de lier son cas, que les scientifiques pensent unique en son genre, aux rats. Pour la première fois, l'hépatite du rat aurait alors infecté un être humain. Mais, un peu moins de deux ans plus tard, on compte une dizaine de cas, explique CNN.
À l'époque, les médecins s'interrogent pour savoir si c'est un cas unique. Ils s'interrogent notamment sur le fait que le patient pourrait s'être simplement trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. L'histoire leur a montré que non. Le 30 avril dernier, un nouveau patient de 61 ans a été diagnostiqué. Plus d'une dizaine dans son genre ont été diagnostiqués à Hongkong. Les médecins estiment désormais qu'il pourrait y en avoir des centaines qui ignorent leur situation. Mais comment est-ce donc possible ? C'est la question que les scientifiques se posent toujours aujourd'hui. L'hépatite E se transmet normalement via la contamination d'eau non potable ou de produits souillés. Mais, pour cette souche issue des rats, la question reste toujours sans réponse. Les médecins ne parviennent pas à identifier le processus de transmission de la maladie. Comment l'hépatite E du rat passe-t-elle à l'être humain ?
Des campagnes de sensibilisation
Le dernier cas en date ne favorise pas la compréhension des scientifiques. L'enquête n'a pas permis de trouver des rats ou des déjections de l'animal dans la maison du patient. Aucun autre membre de son foyer ne présente de symptôme. Bref, c'est un mystère qui s'ajoute à une longue liste. Les scientifiques ignorent encore à l'heure actuelle la durée de la période d'incubation ou encore comment soigner efficacement les malades. Les médicaments normalement utilisés pour soigner l'hépatite ont en effet eu des résultats inégaux, précise CNN. Si certains cas s'avèrent bénins, l'hépatite E du rat peut avoir des conséquences graves, en particulier pour les patients ayant déjà un système immunitaire affaibli.
Les scientifiques qui ont pris conscience du problème ont donc lancé des campagnes de sensibilisation. À Hongkong, la population de rats est désormais testée afin de pouvoir détecter les fameux « clusters » et ainsi ralentir la propagation de la maladie vers l'être humain. À l'exception d'un homme diagnostiqué au Canada, tous les cas se trouvent actuellement à Hongkong. Mais cela ne veut pas dire que la maladie n'est pas présente ailleurs. Ainsi, Cornelia Adlhoch, du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (CECPM), a lancé l'alerte en mars dernier dans la revue Hepatology : « Le manque de sensibilisation des médecins et les diagnostics mal standardisés ont entraîné une sous-déclaration » des cas d'hépatite E en Europe.