Le professeur Raoult dans sa lettre, pointe «trois biais majeurs qui invalident ses conclusions». Le premier concernerait justement l'état initial des patients. Les trois groupes auraient une mortalité différente non en raison des différents traitements reçus mais en raison de la «lymphopénie» (présence insuffisante de lymphocytes dans l'organisme) dont souffriraient différemment les patients. Qu'est-ce à dire ? Les lymphocytes sont des cellules jouant un rôle essentiel dans le système immunitaire. «Il existe une corrélation absolue entre la lymphopénie et le taux de mortalité», analyse l'infectiologue. En l'occurrence, 25% des patients du groupe HCQ souffriraient de lymphopénie, contre 31% dans le groupe HCQ-AZ et seulement 14% dans le groupe témoin.
Deuxième biais, selon Raoult, la différence de mortalité persistant dans le groupe HCQ s'expliquerait «très probablement» par le fait que le traitement a été administré à certains après qu'ils ont été intubés, autrement dit «en désespoir de cause». «Cela est déraisonnable car il est peu probable que l'hydroxychloroquine seule puisse guérir les patients à ce stade de la maladie», précise-t-il dans sa lettre. Enfin, troisième biais : 30% des patients du groupe témoin ont reçu de l'AZ, sans qu'il fasse l'objet d'un groupe distinct. Or, «l'azithromycine est également un traitement proposé pour le Covid-19. Le mélanger avec des patients prétendument non traités est quelque chose qui est plus proche de la fraude scientifique que d'une analyse raisonnable», tacle Didier Raoult.
https://www.lefigaro.fr/sciences/chloroquine-didier-raoult-a-t-il-raison-de-parler-de-fake-news-a-propos-d-une-etude-americaine-20200423