Bien qu’il ne considère pas la molécule promue par son célèbre collègue marseillais comme un médicament miracle, le pneumologue parisien Philippe Even, auteur du best-seller «Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux», raconte comment les grands laboratoires ont failli réussir à la discréditer.
... - Vous êtes en train de dire que ces magazines publient en toute connaissance de cause des articles qui trompent l’opinion publique et l’ensemble du monde médical. C’est grave...
Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les faits. Aux Etats-Unis, le Département de la santé a ouvert une vingtaine de procédures pour ce motif à l’encontre de plusieurs firmes ces dernières années. Face aux tribunaux, ces dernières ont été contraintes de révéler la tranche de résultats de leurs études qu’elles gardent secrète. Celle contenant la vraie efficacité et les vrais effets secondaires des médicaments qu’elles vendent. Après comparaison avec les résultats qu’elles publiaient, il est apparu évident que l’efficacité avait été largement amplifiée et les effets secondaires gommés. Ces firmes ont toutes été condamnées à des amendes variant entre 1 et 25 milliards de dollars.
C’est ce qui s’est passé avec cette fameuse étude publiée par «The Lancet» concluant à l’inefficacité de l’hydroxychloroquine, voire à sa toxicité?
Exactement. On a rassemblé par internet des dizaines de milliers d’infos pas du tout vérifiées, récoltées sans savoir qui sont les patients, dans quel état de santé ils étaient, quels symptômes ils présentaient, comment ils avaient été suivis, par quels médecins, dans quels hôpitaux et quelles étaient leurs maladies associées. On brasse tout ça et on se dit que le nombre, 96 000, impressionnera. A l’autre bout, il y a des gens qui peuvent sincèrement y croire. Mais il y a surtout de la part de l’industrie pharmaceutique la volonté de casser complètement un marché gigantesque qui s’ouvrirait à une molécule qui ne coûte pratiquement rien.
Et personne ne peut mettre fin à ces agissements?
Non, hélas. Les grandes sociétés sont les seules à pouvoir financer des études coûtant entre 200 millions et 1 milliard de dollars. Du coup, elles publient ce qu’elles veulent bien publier, entretenant ce système pervers. C’est une lutte permanente depuis vingt ans pour obtenir les résultats bruts, mais l’industrie s’y oppose systématiquement. Au bout du compte, ces essais emportent l’adhésion des médecins qui ne disposent pas de données objectives. Relayées par les revues scientifiques qu’elles paient, les firmes mentent donc de façon éhontée pour torpiller des gens comme Didier Raoult. Pensez, on ne va quand même pas distribuer à grande échelle un médicament coûtant à peine 50 centimes par jour par personne alors que les antiviraux de l’industrie lui rapportent entre 30 et 40 euros!
N’empêche que l’efficacité de l’hydroxychloroquine reste à démontrer...
Personnellement, je ne crois pas que ce soit un produit miracle; Didier Raoult ne l’a jamais prétendu, d’ailleurs. Il a dit qu’il y avait une différence de gravité de la maladie appréciable chez les personnes prenant cette molécule dès les premiers symptômes. Ce médicament naguère délivré sans ordonnance et totalement atoxique, excepté pour les personnes souffrant de problèmes cardiovasculaires, a donné des résultats encourageants sur des souris et des cultures de cellules. Les Chinois l’ont également utilisé. Au bout du compte, si, grâce à la chloroquine, les cas graves peuvent être diminués c’est toujours ça de pris. Et je rappelle que ce médicament contre le paludisme a été utilisé par 500 millions de personnes depuis quarante ans. ...
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