gth
Non, Macron ne veut pas davantage d’Islam pour nous protéger de l’islamisme. Il voudrait disposer d’un organisme qui représenterait la totalité des musulmans, islamistes ou non, mais qui lui donnerait un interlocuteur unique qui serait censé représenter de fait toutes les obédiences musulmanes.
Si le pouvoir civil veut s’adresser aux catholiques, il s’adresse à la Conférence Épiscopale. Il y est en lien direct avec les évêques et les cardinaux résidants en France, de fait avec la totalité du monde catholique français.
S’il veut s’adresser au monde juif, il s’adresse au CRIF, le Conseil représentatif des Institutions Juives de France. Il sait que le CRIF est en lien direct avec toutes les communautés et institutions juives françaises, et peut parler au nom de cet ensemble. Et si les institutions juives ne sont jamais d’accord entre elles, c’est normal. Il est courant de dire que si deux juifs se rencontrent, cela donne naissance à trois partis politiques. Mais sur le fond, elles se retrouveront toujours.
Quant aux parpaillots, ils ne posent pas de problèmes sociaux ou religieux. Ce sont les plus sérieux, les plus intelligents et les plus conscients de tous les chrétiens. D’ailleurs ce sont les seuls qui lisent la Bible. La vraie, les 5 livres de la Thorah, pas les Évangiles qui n’ont aucun rapport avec la Bible. Quant aux Sickhs, aux Bahaï, ou aux Adorateurs de l’Oignon Sacré, personne, du moins à ma connaissance n’a jamais entendu dire qu’ils posaient un problème de communication avec les pouvoirs publics.
Mais aucune organisation de ce genre n’existe avec l’Islam et les musulmans. Et ce que voudrait Macron, c’est se prendre pour Napoléon qui a imposé la création du CRIF aux juifs.
Le but réel de la gymnastique actuelle de Macron autour de l’Islam et des lois de 1901 ou de 1905, et ses tentatives pour trouver une formule qui permettrait d’allier à la fois les institutions cultuelles musulmanes, ou culturelles, ou purement religieuses, le tout pouvant relever à la fois des Lois de 1901 et 1905, est un exercice d’équilibrisme. Les tenants de l’Islam de combat, celui des salafistes, celui des musulmans éclairés, celui des intégristes, celui des moins religieux ou des plus religieux, ne sont manifestement pas simples à faire s’accorder entre eux. D’autant que les ultras et les plus actifs sont aussi les pires et les plus dangereux.
C’est un excellent projet et un excellent souhait que de vouloir unifier toutes les organisations musulmanes. Mais entre ceux qui ne veulent surtout pas d’une assimilation qui les priverait de leurs arguments habituels et de leur influence politique, et ceux à l’opposé qui veulent une intégration et une assimilation raisonnée et pacifique, il y a un monde.
Le risque réel étant que Macron, comme d’autres avant lui, n’ait pas suffisamment de courage politique pour prendre les mesures qui permettraient de régler réellement la problème, sans les renoncements successifs qui font systématiquement avorter ce projet, dont l’on parle en vérité depuis des décennies.