Parmi les avantages "historiques" du statut, une caisse de prévoyance et de retraite du personnel de la SNCF, établie à Marseille, assure un régime de protection sociale spécifique aux cheminots. Elle comprend une complémentaire santé solidaire, mais aussi des prestations vieillesse, maternité, décès. En matière de logement, dans les zones dites tendues comme l'Île-de-France, les cheminots peuvent bénéficier d'aides et d'une proposition de logement à un loyer attractif.
Enfin, des "facilités de circulation" sont accordées aux cheminots et à leurs ascendants. Depuis sa création en 1938, cet avantage a vu le périmètre des bénéficiaires s'élargir, au point, selon la Cour des comptes, de devenir "excessif". La gratuité des billets ou un taux de 90% de réduction concernent retraités, conjoints, enfants, ascendants… En période de pointe, ou de grève, il provoque un effet d'éviction de la clientèle "normale", soit une perte de chiffre d'affaires évaluée à près de 220 millions d'euros.
Grâce à l'avancement mécanique, justement offert par son statut, il touche aujourd'hui 2.200 euros brut par mois, plus la kyrielle de primes accordées au personnel roulant : prime de déplacement, de "découchage", de perception (4% des amendes perçues). Sa rémunération correspond à celle de 50% des cheminots, comprise entre 2.000 à 3.000 euros brut par mois. Elle est plus élevée pour la population des conducteurs, 3.450 euros brut par mois en moyenne, dont 17% provenant de primes.
Réforme des retraites : les vrais avantages des cheminots
Le statut des cheminots, qui concerne encore 129.000 salariés, va disparaître à partir du 1er janvier. Voici les détails de leur quotidien.
A l'époque de sa création, le statut de cheminot devait attirer les candidats à la vie du rail vers l'entreprise publique, alors en concurrence avec des sociétés privées. Il offrait un emploi à vie, un régime de retraite particulier, un système de santé spécifique, des billets de train gratuits. C'est justement parce qu'elle va bientôt faire face à la concurrence de nouveaux opérateurs que la SNCF a dû revoir sa gestion des ressources humaines. Selon un rapport de la Cour des comptes daté de juin, le énième sur le sujet, elle a dérivé, au fil des ans, au gré d'accords d'entreprise. Grâce à eux, le nombre de jours "non travaillés", par exemple, est passé de 150 à 164, par rapport à la convention collective, le nombre de jours de "repos doubles" par an, de 39 à 52.
"A partir du 1er janvier, les embauches se feront au prix du marché et non pas selon la grille actuelle, explique-t-on en interne. La promotion au mérite et non pas seulement à l'ancienneté va être introduite. Pour les managers, ça va faciliter une meilleure gestion des équipes." L'an dernier, la SNCF a encore recruté 5.000 personnes dans des activités directement liées au ferroviaire. Pour attirer les talents qui lui manquent, elle va devoir trouver de nouveaux arguments.