Quel bordel pour arriver jusqu'ici...
Un tour exclusivement sudiste, si l'on excepte la planche des Belles filles en CLM (enfin un CLM sur de la véritable bosse, sur un raidard susceptible à lui seul de changer un bel agencement comme en décidaient les sempiternelles dernières étapes de montagnes, vouées au marquage au cuissard, pleines de cautèle et de griefs pour paraphraser le grand Charles ; le temps de la Ruchère 1984 est revenu, et c’est sans aucun doute le fantôme de Fignon qui parlera ce samedi-là à l’oreille de Pinot).
Evidemment la procession des Champs rajoute à l’exception. Où et quand une légende invariablement s’agenouille devant une cassette pleine de droits TV.
Pour le reste, ce Tour est pour le moins surprenant. Prudhomme fait du Macron, prend des vieilles routes pour en faire de nouvelles issues, et va chercher des machins incertains comme le Col de la Loze, (ne pas prononcer lose avec l’accent british) à peine ouvert et goudronné, le tout en sifflotant Stairway to Heaven. Moi qui connais un peu le coin, suis pas convaincu que l’insipide montée de Méribel, désormais rallongée de ce corridor menant originellement à la buvette du bon teufer friqué l’hiver venu, nous fasse oublier le Ventoux ou même l’Alpe d’Huez. Faudra un grand débat une fois le tour plié pour évaluer l’opportunité de la chose.
Sinon le Puy Mary en arrivée au sommet, c’est enfin une bonne idée. Deux bornes à plus de 12% de moyenne, avec passages à 18%, ça peut faire pédaler un leader dans l’aligot, cette histoire. Jadis Ullrich y avait vomi sa banane en essayant de suivre l’immense Armstrong se dressant sur les pédales à la sortie du petit pont sur la rivière Mars, comme pour saluer le Dieu de la Guerre. Entre dieux, il est toujours une forme de politesse. Mais ce jour-là, l’étape finissant dans les vallées, le teuton avait fait donner la troupe pour recoller au ricain. Dans le Tour 2020, on ne descend pas après avoir monté, et le débours se paiera comptant au buron du Pas de Peyrol : un chou est un chou. Belle étape s’il en est.
Un Tour pour Pinot, indiscutablement. Et c’est assez rare pour être signalé, le Tour de France est enfin dessiné pour le coureur français du moment. On se croirait au Giro, tiens.