Ou chartalisme. J'avais fait un excellent sujet mais il a disparu avec le crash du forum(sans doute un coup des métallistes). Cette théorie est mainstream aux USA, des candidats démocrates vont la défendre aux prochaines élections. En France c'est le néant, mais bon la France c'est mort de toute façon .
Grosso modo si les gens veulent mettre des sous de côté il faut que le gouvernement soit en déficit. On parle d'épargne nette du secteur privé. Vous avez 100 en monnaie et un PIB à 100, si les gens veulent mettre 10 de coté l'état va créer 10 en monnaie en payant des allocations chômage par exemple et la masse monétaire va passer à 110, mais le pib restera à 100 à peu près. Si l'état ne veut pas faire de déficit le pib baissera à 90. Le cas typique c'est la Grèce qui a perdu un tiers de son pib suite à la crise 2008, à cause de l'austérité.
Plus simple encore, si tu veux avoir de la croissance il faut un déficit. Si tu veux que ton pib passe à 110 il faut créer 10 en monnaie pour financer la croissance, à prix constants.
Quelque réflexions :
-on est dans un monde chartaliste. Les monnaies flottent (il n'y a plus d'étalon-or) et tous les pays ont des déficits (Singapour et GB ont 100 % de dette publique pour citer 2 pays qui ne sont pas keynésiens-gauchistes-communistes-avec plein de feignasses de fonctionnaires).
-les stabilisateurs automatiques sont importants et peu cités aux USA je sais pas pourquoi. Le chômage monte de lui même en cas de récession, les rentrées fiscales baissent et donc ça donne des déficits. C'est assez libéral même comme concept, si le privé veut épargner, pourquoi l'en empêcher? Tant que t'as pas d'inflation faire de l'austérité n'a aucun intérêt. Et même en cas d'inflation tu peux laisser faire les stabilisateurs automatiques qui donneront peut-être des excédents(la Turquie récemment a eu des excédents budgétaires à cause de l'inflation).
-Pour financer ta croissance les 2 autres possibilité c'est l'endettement privé(crise des subprimes) et être exportateur(comme l'Allemagne).
-L'endettement public a augmenté dans nos pays du fait du ralentissement de la croissance(à cause de la mondialisation, du vieillissement, des crises financières ou d'autres facteurs). Pas l'inverse.
-Les déficits publics augmentent la masse monétaire de base(les actifs nets financiers pour les initiés). L'endettement privé augmente la masse monétaire au sens large(les dépôts augmentent) mais ce ne sont pas des actifs nets, il faut rembourser. On parle de crédit. La vrai monnaie c'est le liquide, les réserves et les bons du trésor. Tout ça c'est fabriqué par les banques centrales, pas par les banques privés. Il y a 2 sortes de monnaie en quelque sorte. Et les banques privées adorent les bons du trésor, vous en faites pas pour le financement des déficits.
-Il faut tenir compte du contexte. En France avec nos même pas 2% d'inflation depuis 20 ans on ferait mieux de faire un peu de relance chaque année plutôt qu'un peu d'austérité. Globalement il faut faire de la relance prudemment, au fil de l'eau. Et éviter des grosses relances style Mitterrand en 81.
-les problèmes sur les taux de changes peuvent exister mais c'est complexe, les déficits ne sont pas seuls en cause(l'endettement privé et la spéculation peuvent amener des crises). La crise du sud est asiatique à la fin des années 90 n'était pas due aux déficits publics. La solution est le protectionnisme, notamment le contrôle des capitaux. La Chine par exemple pratique un contrôle des capitaux depuis des décennies.
-les problèmes d'inflation sur les actifs (immobilier par exemple) peuvent exister mais c'est complexe, les déficits ne sont pas les seuls en cause(l'endettement privé et la spéculation peuvent amener des crises). En France l'immo a baissé à St étienne, pourtant à 3/4 d'heures de Lyon en ter. La Suisse a peu de dette publique, mais l'immobilier c'est pas donné. Le protectionnisme(notamment sur les marchandises) est une des solutions, avec les régulations et les politiques d'état.
-Aux usa les chartalistes ne sont pas protectionnistes et je pense que c'est une erreur. Même si en libre échange tu peux avoir de la croissance et le plein-emploi, grâce aux déficits. Ils sont aussi pour les taux zéro, mais pour contrôler l'inflation c'est mieux de garder une politique monétaire normalement. Bizarrement certains comme krugman attaquent les chartalistes là-dessus, alors que ce n'est qu'un détail. Un bon économiste chartaliste c'est Michael Hudson ,je l'aime bien celui-là. Le blog de l'australien Bill Mitchell est une référence aussi.
-pour avoir le plus de croissance avec le moins d'inflation possible les chartalistes proposent un employeur en dernier ressort à 1000 euros/mois. Dans les années 70, pour lutter contre le chômage qui venait d'apparaître les pays riches ont tenté des relances classiques, mais dans un contexte inflationniste ça n'a pas marché. Autant embaucher directement les chômeurs, leurs salaires étant financés par un déficit.
-si t'as une dette de 100% de pib et des taux à 3% tu auras d'office un déficit à 3% du pib. Depuis des années en Europe on est sur des taux zéro, la France est même parfois sur des taux négatifs. L'épargne ne rapporte rien, mais les déficits financent moins les rentiers et plus l'activité, cela explique peut-être nos 1.5 % de croissance.
En France on avait Jb Bersac et son blog frappermonnaie, toujours consultable. Je vous laisse méditer sur un extrait de son livre "devises l'irresistible émergence de la monnaie":
"Bien que l’arrangement institutionnel semble équivalent à une émission pure et simple de devises par le Trésor public d’un point de vue strictement technique, l’impact psychologique est énorme. Une fois que
le citoyen a perdu le fil de ce bonneteau, il finit par ne plus comprendre que seule la devise lui permet vraiment de se financer, notamment pour apurer ses dettes passées. Il finit par croire avec fermeté à la fiction de la
dette publique et il se convainc à tort que tout le système monétaire est surendetté, et qu’il faudrait en quelque sorte « rembourser le pays ». Face à cette incompréhension, la construction du budget public ne s’en
trouve pas assainie. Tout au contraire. Elle aboutit à un sous-financement chronique de l’économie, ce qui se traduit par un mélange variable de trois maux : une escalade toujours plus dangereuse de crédits, un chômage et une précarité envahissant toute la société lentement mais sûrement, enfin, des tentatives plus ou moins désespérées d’atrophier son économie pour qu’un autre pays prenne sur lui de la financer à sa place... tentative vaine si ce dernier a fait le même calcul à son égard, chose fréquente."