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Superphénix était à l'origine un prototype de réacteur à neutrons rapides à caloporteur sodium. Le nom Superphénix provient de l'oiseau mythique Phénix qui renaît de ses cendres, comme le nouveau combustible nucléaire au plutonium provient des « cendres » du combustible usé par les autres centrales nucléaires.
Le projet était prometteur et visait à terme à recycler les déchets des centrales françaises mais aussi italiennes et allemandes. C'était le prototype d'une nouvelle filière qui aurait pu réduire d'une façon drastique les déchets nucléaires et qui avait vocation a devenir rentable par le captage des déchets nucléaires issus d'autres pays étrangers, pas seulement européens.
L'arrêt de Superphénix est une décision grave prise à la suite d'un accord entre le parti politique les Verts et le gouvernement socialiste à la fin des années 1990.
La fermeture de la centrale de Creys-Malville (Superphénix) en 1998 s’apparente à un suicide économique et technologique.
La lâcheté politique pour obtenir ou conserver les rênes du pouvoir, eurent finalement raison de cette formidable réalisation commune de la France, de l’Italie et de l’Allemagne. Injustement discrédité, ce remarquable surgénérateur, unique au monde, sera finalement sacrifié sur l’autel de l’éphémère «majorité plurielle» arrivée au pouvoir en juin 1997 avec Lionel Jospin comme Premier ministre.
Cette année-là, la mise au point de la centrale électrique était enfin terminée, comme l’a montré son excellente disponibilité lors de son fonctionnement tout au long de l’année 1996 (96 % de taux de disponibilité de la chaudière). L’investissement était totalement réalisé, et le combustible déjà fabriqué était encore capable de produire 30 milliards de kWh (30 TWh). Il ne restait donc plus qu’à recueillir le fruit de tous les efforts humains et financiers consentis depuis dix ans en exploitant cette source de richesses. Dans le même temps, ce réacteur aurait pu participer à peu de frais à la recherche sur la transmutation des déchets radioactifs de haute activité et à longue durée prévue par la loi de décembre 1991.
Prés de vingt ans plus tard, on peut mesurer combien cet abandon fut une triple faute.
1) Une faute sur le plan de la connaissance scientifique et technologique qui a entraîné la perte d’un capital humain considérable de savoir et d’expérience qu’il faut maintenant laborieusement reconstituer.
2) Une faute économique qui a conduit au démantèlement des installations de recherche et à la dissolution du tissu industriel spécifique dédiés à cette technologie.
3) Une faute sur le plan de l’emploi qui fut à l’origine d’une gabegie financière (plusieurs milliards de francs de l’époque) dont ni la centrale, ni ses concepteurs, ni son exploitant ne portent la responsabilité.
Le «battement de l’aile du papillon»
En juin 1990, le réacteur Superphénix fonctionne à 90% de sa puissance nominale lorsque les mesures de surveillance de la pureté du sodium primaire du réacteur montrent une lente oxydation de ce sodium. Elle reste cependant largement inférieure aux limites admissibles spécifiées par les critères de sûreté. Cette tendance persistant, il est décidé d’arrêter momentanément la centrale le 3 juillet 1990 afin d’en déterminer l’origine. Une membrane déchirée en néoprène de quelques centimètres de diamètre localisée au niveau d’un compresseur d’un circuit auxiliaire se révèle être à l’origine d’une entrée d’air qui cause l’oxydation du sodium.
Cette membrane en néoprène sera le prétexte saisi qui conduira, de fil en aiguille et après de multiples péripéties, jusqu’à la fermeture de la centrale, huit ans plus tard, à cause d’un mélange de malveillances d’opposants et de lâchetés politiques.
La décision de fermeture définitive de Superphénix est annoncée le 2 février 1998. Elle se trouve incluse dans le document de quinze pages qui faisait connaître la politique énergétique du gouvernement de Lionel Jospin.
Il y est reconnu que : «Superphénix représente une technologie très riche, développée par des personnels particulièrement motivés et performants qui ont montré que la France savait mettre au point des équipements technologiques innovants de très haut niveau » et « qu’il faudra tirer profit de l’expérience accumulée et poursuivre les recherches dans le domaine des réacteurs à neutrons rapides pour l’avenir à plus long terme».
Ce passage est surréaliste. Comment comprendre le cheminement intellectuel des auteurs de ce vibrant hommage à la machine et aux hommes qui les conduit à cette surprenante conclusion ? Il faut abandonner cette «technologie très riche», perdre le savoir et l’expérience de ces « personnels particulièrement motivés et performants » et, malgré cette dispersion et cet arrêt, «tirer profit de l’expérience accumulée», et surtout «poursuivre les recherches dans le domaine des réacteurs à neutrons rapides pour l’avenir à plus long terme».
Quelle hypocrisie ! Ce prétendu hommage en forme d’oraison funèbre sonne faux, et il est d’autant plus insoutenable qu’il émane des «tueurs» eux-mêmes.
Quelle inconséquence vis-à-vis de l’avenir d’un pays et quelle perte pour la recherche et la technologie ! L’abandon de Superphénix fut bel et bien une faute.
Quelques jours après cette annonce, en février 1998, le Docteur Srinivasan, Conseiller à l’Énergie du Premier Ministre indien a qualifié cette décision de “crime contre l’humanité”. En 2005, l’Inde a entrepris la construction d’un réacteur à neutrons rapides de 500 MWe, refroidi au sodium, du même type que Superphénix.
Nous payons aujourd’hui le prix de cette trahison nationale avec nos difficultés à retrouver la voie des réacteurs surgénérateurs alors que nos concurrents progressent (Russie, Chine, Inde).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Superph%C3%A9nix
https://www.contrepoints.org/2015/09/09/221198-larret-de-superphenix-fut-un-desastre-humain