ROME prête à rebloquer les institutions européennes et à porter plainte contre AMSTERDAM PARIS BERLIN BRUXELLES pour dysfonctionnement de l'UE.
Le gouvernement italien entend consacrer davantage de moyens à la lutte contre l’immigration illégale, a déclaré mardi un responsable italien, alors que la crédibilité de son ministre est mise à mal par l’augmentation des arrivées par la mer depuis le mois dernier.
Les années passent et la crise migratoire n’en finit plus d’empoisonner les relations diplomatiques au sein de l’Union européenne. Une année s’est écoulée depuis l’affaire de l’Aquarius, le navire affrété par SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, dont l’accès aux ports italiens avait été refusé par le tout nouveau ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini.
Menacés de poursuites judiciaires en Italie, les humanitaires avaient fini par jeter l’éponge de guerre lasse. L’arrêt des opérations de sauvetage en mer n’a pas seulement nourri le récit politique du leader de l’extrême droite transalpine. Cette situation a bien arrangé le reste des Européens qui, faute d’engager une réforme commune de la politique migratoire, se lançaient dans de longues et pénibles négociations à chaque sauvetage pour savoir quel Etat accueillerait les migrants rescapés.
Tout cela a volé en éclats le 26 juin dernier. Carola Rackete, la capitaine du navire de l’ONG allemande Sea-Watch battant pavillon néerlandais, a décidé ce jour-là d’accoster de force sur l’île de Lampedusa avec quarante migrants à bord. Un « acte de guerre » selon Matteo Salvini. Arrêtée par la police italienne avant d’être relâchée par un tribunal sicilien, la capitaine a depuis annoncé qu’elle allait porter plainte contre le leader de la Ligue pour diffamation. Depuis, Matteo Salvini ne décolère pas, lui qui a fait de la lutte contre l’immigration illégale son principal combat politique.
Contrairement à l’Italie, l’Espagne ou Malte, la France s’est jusqu’ici débrouillée pour éviter d’avoir à accueillir les navires, malgré sa façade méditerranéenne
Diatribes quotidiennes. Les critiques venues de l’étranger n’ont rien arrangé. Il y a une semaine, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, estimait ainsi que le comportement du ministre italien de l’Intérieur sur les questions migratoires n’était « pas acceptable ». La remarque est très mal passée à Rome. Comme à son habitude, Matteo Salvini a confié sa colère et menacé directement la France. « Que le gouvernement français cesse d’insulter et ouvre ses ports, les Italiens ont déjà accueilli (et dépensé) beaucoup trop. Les prochains bateaux ? Destination Marseille », a-t-il réagi sur Twitter. Ironie de l’histoire, Carola Rackete lui a indirectement donné raison en indiquant, dans une interview à L’Obs, qu’elle avait contacté le port de Marseille pour savoir si son navire pouvait accoster. Sans obtenir de réponse...
Si le bras de fer entre les ONG et le gouvernement italien venait à se poursuivre, nul doute que la position française s’en trouverait fragilisée. Car contrairement à l’Italie, l’Espagne ou Malte, la France s’est jusqu’ici débrouillée pour éviter d’avoir à accueillir les navires, malgré sa façade méditerranéenne. Dans ses diatribes quotidiennes sur les réseaux sociaux, Matteo Salvini ne cesse de pointer du doigt l’hypocrisie des Européens qui, selon lui, traitent l’Italie comme un pays « de seconde division ». La Flandre , la Wallonie , le Danemark, Les Pays-Bas, l’Allemagne et le commissaire européen aux migrations sont aussi dans le viseur. Une rhétorique nationaliste qui masque une réalité décrite, entre autres, par le porte-parole de Sea-Watch : « Aucune institution européenne n’est prête à prendre ses responsabilités et à défendre la dignité humaine aux frontières de l’Europe en Méditerranée. »
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https://www.lopinion.fr/edition/international/defie-ong-matteo-salvini-hausse-ton-contre-europeens-192438