Comment Vladimir Poutine a peu à peu verrouillé le pouvoir en Russie
Dimanche, les élections législatives russes semblent jouées d'avance tant le parti présidentiel, Russie unie, domine la vie politique. Retour sur la prise en main progressive du pouvoir par le président russe.
• Une rapide reprise en main
En seulement deux ans, Vladimir Poutine va passer du total anonymat à la présidence de la Russie. Ancien agent du KGB, il est nommé en 1998 à la tête du FSB, nom post-soviétique des services secrets. Le président russe d'alors, Boris Eltsine, est éclaboussé par une gigantesque affaire de corruption. Un scandale arrive alors à point nommé pour discréditer l'accusateur en chef du président, le procureur général. Une vidéo de mauvaise qualité est diffusée, le présentant en compagnie de deux prostituées. Les services du FSB assure qu'il est bien l'homme sur les images. Malgré ses dénégations, le procureur ne s'en relèvera pas. Quelques mois plus tard, Vladimir Poutine est récompensé en étant nommé président du gouvernement (l'équivalent de notre premier ministre).
Quand Boris Eltsine démissionne le 31 décembre 1999, Poutine est propulsé président par intérim. Sa première décision est de signer un décret immunisant l'ancien président et sa famille. Trois mois plus tard, il est élu au premier tour à la présidence de la Fédération de Russie, avec un score de 52,52%, porté par le clan de l'ancien président, l'ancien KGB et les militaires. Les opposants dénoncent déjà des fraudes massives. Quant au successeur du procureur général, c'est un homme du Kremlin - le palais présidentiel - qui est désigné. La justice ne posera plus de problème au pouvoir.
• La réorganisation du territoire
La Fédération de Russie est divisée en 89 Républiques et territoires autonomes. En 1995, ils ont acquis une large autonomie par rapport au Kremlin. Les gouverneurs et présidents sont élus au suffrage universel. De grandes baronnies locales se constituent sous l'ère Eltsine, formant un important contre-pouvoir à Moscou.
À son arrivée à la tête de l'État, Vladimir Poutine souhaite y mettre fin. Pour le président, il faut instaurer un système de «pouvoir vertical», c'est à dire émanant de lui. Pour mieux contrôler les dirigeants locaux, Poutine regroupe les 89 territoires à l'intérieur de grands districts fédéraux. Il place des super préfets à leur tête. Dotés de larges prérogatives, ces hommes dévoués à Poutine ont pour mission de vérifier que les législations locales sont bien conformes à la législation nationale. En clair, surveiller l'action des gouverneurs locaux.
Quelques années plus tard, Poutine va augmenter la main-mise du gouvernement central sur les exécutif locaux. En 2004, il prend pour prétexte la tragédie de Beslan, prise d'otage dans une école qui a fait plus de 300 victimes, pour reprendre le contrôle des exécutif locaux. Il supprime l'élection par le suffrage universel: ils seront désormais nommés et révocables par le président. Confronté à une importante contestation, le pouvoir devra revenir sur cette mesure en 2011. Pourtant, dans les faits, aucun opposant ne parvient à passer les filtres et à se présenter. En 2015, le parti du pouvoir, Russie unie, a remporté haut la main les élections.
• Une opposition entravée
http://www.lefigaro.fr/international/2016/09/18/01003-20160918ARTFIG00003-comment-vladimir-poutine-a-peu-a-peu-verrouille-le-pouvoir-en-russie.php