Stockage des déchets nucléaires : voyage au centre de la Terre
Publié le 08/12/2019 à 07:00
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Certains spécialistes suggèrent, entre autres, d'ériger des ouvrages, pourquoi pas des pyramides, afin de marquer la présence d'un site de stockage de déchets. Rien n'est décidé parce qu'ici, entre Meuse et Haute-Marne, à Bure précisément, on ne sait pas encore si, oui ou non, on choisira de stocker nos déchets sous terre ni dans quelles conditions précises. Pour l'heure, le site de Bure est un laboratoire. Un labo pas tout à fait comme un autre, enfoui à 500 mètres sous terre et parcouru de tunnels (plus de 10 kilomètres), de machines qui roulent, creusent et déblaient, de câbles qui courent un peu partout et d'armatures qui soutiennent les boyaux creusés par l'Andra. Depuis 2006, date à laquelle ce site perdu au milieu de la campagne a été choisi, l'agence nationale teste la faisabilité d'un centre de stockage des déchets produits par les centrales d'EDF ou les centres de recherches comme le CEA. Son nom : Cigéo (Centre industriel de stockage géologique).
Un million d'années pour parcourir dix mètres
Les déchets destinés à finir leur vie à Bure seront actifs, et de manière très virulente, durant plusieurs centaines de milliers d'années. Les autorités ont donc opté pour le stockage profond afin de garantir, en l'absence d'autre solution, le minimum de risques pour ces déchets – ceux qui présentent moins de radioactivité étant entreposés en extérieur, dans la Manche et dans l'Aube. Mélangés à du verre en fusion, ils seront enfermés dans des cylindres en inox puis placés dans des conduits étanches par des robots. Au fil des siècles, la radioactivité s'abaissera à un niveau comparable à une radioactivité naturelle. Doté de 230 kilomètres de tunnels d'entreposage, Cigéo deviendrait, après un siècle d'exploitation, irréversible. En clair : on ne pourra plus y accéder.
Ça, c'est le scénario idéal. Encore faut-il tester l'idée. C'est l'objet du laboratoire de Bure. On y descend par un ascenseur qui parcourt les 500 mètres d'à-pic en 7 minutes. Une fois arrivé, l'endroit, violemment éclairé, est presque décevant : une galerie de tunnels à 500 mètres sous terre ressemble à une galerie de tunnels à cinq mètres sous terre !