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Alain Finkielkraut ignore si la décision souveraine du peuple britannique de sortir de l’Union européenne est une bonne ou une mauvaise chose. Cependant, pour lui, comme il ‘a expliqué lors de l’émission « L’Esprit de l’escalier », il est certain que « les eurocrates ne l’ont pas volé ». À force de promouvoir une Europe désincarnée, sans racines, ni mode de vie particulier, les classes dirigeantes européennes se prennent un violent retour de bâtons. Au point qu’une nouvelle ligne de faille semble traverser les sociétés européennes qui « se partagent désormais entre les planétaires et les sédentaires, les globaux et les locaux, les hors-sol et les autochtones ». Dans cette nouvelle lutte des classes, « les planétaires sont non seulement mieux lotis économiquement mais ils se croient politiquement et moralement supérieurs. Ils traitent les autochtones de ploucs, voire de salauds » xénophobes.
Alors que François Fillon a proposé de fournir deux voix à chaque jeune pour contrer l’euroscepticisme des plus âgés, Alain Finkielkraut s’afflige d’une « hostilité obscène aux vieux » au profit d’un « cosmopolitisme de galerie marchande » et de la « complète absorption dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication ».
Pour Finkielkraut, l’un des paradoxes de la situation politique présente réside dans le fait que les Britanniques ont été les premiers militants de « la concurrence libre et non faussée » à l’intérieur de l’Union européenne, « dogme » que la classe dirigeante européenne « applique avec d’autant plus de zèle qu’il permet d’humilier les nations alors même qu’un peu de protectionnisme se révélerait nécessaire ».
Selon l’académicien, l’Union européenne a contribué à la « déseuropéanisation de l’Europe elle-même, notamment à travers sa politique migratoire » qui favorise la fragmentation de nos sociétés « en communautés hostiles ». Quant à la révolte des opinions publiques contre l’accueil inconditionnel de migrants, « le fait de vouloir être majoritaire dans son propre pays ne relève pas de l’égoïsme, c’est une aspiration absolument légitime qu’il est absurde de vouloir criminaliser ».