De plus en plus d'administrations et d'entreprises suédoises, à l'instar de Toyota, se convertissent à la semaine de 30 heures, contre 40 auparavant. Résultat: plus de profits, moins de risques pour la santé et une forte baisse du turn-over.
Déjà connue pour ses bons résultats sur l'égalité homme-femme, la Suède s'affirme comme un précurseur de l'équilibre entre vies professionnelle et privée. La journée de six heures de travail fait son chemin dans le pays, à en croire un article du Guardian. La mairie de Göteborg, deuxième ville du pays par sa population et son poids économique, vient de convertir plusieurs services aux 30 heures de travail par semaine, contre 40 jusque-là, pour un salaire inchangé.
Interrogé par le journal britannique, le personnel d'une maison de retraite témoigne des bienfaits des journées allégées. "Avant, j'étais exténuée en permanence. Je rentrais à la maison et je m'écroulais dans le canapé. Plus maintenant. Je me sens beaucoup plus alerte: j'ai beaucoup plus d'énergie pour mon travail et ma vie de famille", explique une infirmière. "Beaucoup de maladies et de dépressions dans le secteur des soins sont liées à l'épuisement", rappelle une chef de service citée par le Guardian. Pour la direction de l'établissement, l'enjeu est autant d'améliorer les conditions de travail que la qualité des services aux pensionnaires.
Même les start-up s'y mettent
Le secteur privé suédois s'y convertit aussi. Des salariés de l'usine Toyota de Göteborg travaillent six heures par jour depuis 13 ans. Résultat: 25% de hausse des profits, une forte baisse du turn-over et des recrutements plus rapides. Les journées sont organisées sur deux créneaux légèrement décalés - 6h/12h et 12h/18h - pour permettre aux salariés d'éviter l'affluence dans les transports. The Guardian cite aussi le cas d'une start-up de Stockholm qui parvient mieux à attirer et fidéliser ses recrues: ses salariés préfèrent rester chez elle plutôt que se faire débaucher pour un meilleur salaire mais des horaires plus lourds. Ils seraient aussi plus efficaces en sachant leurs journées plus courtes.
En Suède, la réduction du temps de travail est une vieille histoire qui subit des aller-retours au gré des revirements politiques. Deux expérimentations, lancées dès 1989, se sont achevées lors du retour de la droite aux affaires, au motif qu'elles coûtaient trop cher. Car la journée de six heures à l'essai dans des services de Göteborg a dû être compensée par 14 embauches. Et mesurer les retombées économiques, en termes de réduction des arrêts maladie par exemple, reste complexe. Ses partisans, eux, préfèrent déplacer le débat sur le terrain de la qualité du travail et du bien-être des employés, alors que la durée des carrières ne cesse de s'allonger.
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