Oui c'est pas nouveau en plus, et hier j'ai entendu sur RMC sport que Froome avait un pédalier en ovale et qu'il était le seul à avoir ce genre de pédalier du peloton
regardez cela :
http://www.liberation.fr/sports/2010/06 ... nel_656166
Mieux que le dopage physiologique, le dopage technologique? L'affaire tiendrait de la sympathique anecdote si elle ne touchait pas un peloton cycliste à la crédibilité déjà bien entamée par les affaires de dopage (Landis et Valverde, récemment). Côté pile: un mystérieux inventeur hongrois, qui aurait mis au point un vélo motorisé. Presque trop beau pour être vrai. Une simple batterie, dissimulée derrière le pédalier, permettrait de mettre en route la machine, sans effort.
La rumeur se répand pendant le tour d'Italie, en mai. L'inventeur magyar, piqué au vif par les doutes sur son invention, tente de crédibiliser son récit. Il rencontre Davide Cassani, ancien coureur italien de la période 1985-1995, et désormais consultant pour la RAI. Cassani, qui affirme avoir vu et testé le dispositif, décrit dans un reportage à la télévision publique italienne un vélo pesant environ 10 kg - contre 7 pour un engin de compétition normal.
La batterie, dissimulée derrière un cadre, est placée près du pédalier. Le moteur, quasi-silencieux, se déclenche sur simple pression d'un bouton placé au niveau des freins. «C'est incroyable. Tu appuies sur un bouton et le vélo accélère tout seul. Tout ce que tu dois faire, c'est tourner les jambes de manière synchronisée. Tu peux rouler une heure à 50 km/h sans effort . J'ai 50 ans, et si j'utilisais ce dispositif, je pourrais facilement terminer une étape du Giro», explique Cassani au journaliste de L'Equipe qui suit la course.
Selon Cassani, plusieurs coureurs auraient déjà utilisé en course ce vélo truqué, qui ressemble à n'importe quel autre.
«J'ai juste accéléré»
L'affaire prend de l'ampleur il y a trois jours, quand un montage vidéo est posté sur Youtube, sous le compte «CyclingManagerItalia», du nom du site officiel d'un jeu vidéo. La première partie reprend des éléments du reportage de la RAI. Mais, dans un deuxième temps, le montage se fait beaucoup plus suspicieux et donne son «interprétation de la performance de Cancellara dans le Tour des Flandres et à Paris-Roubaix».
Le coureur de l'équipe Saxo Bank avait écrasé la concurrence dans les deux classiques de printemps. «J'ai juste accéléré», avait-il confié sur le vélodrome de Roubaix après sa démonstration victorieuse. La vidéo n'apporte aucune preuve d'un recours à un vélo motorisé. Tout au plus une interprétation de certains gestes de Cancellara au niveau de ses freins, suivis d'une accélération foudroyante.
La rumeur est lancée. On se souvient alors que Cancellara avait changé de machine durant la course nordiste. Sous-entendu: de quoi récupérer un vélo amélioré pour les derniers kilomètres. Le site Cyclismag, lui, analyse les temps d'ascension du mur de Grammont (une montée célèbre du Tour des Flandres) au cours des trois dernières éditions. Conclusion, avec les précautions d'usage sur la fiabilité des mesures: «Cancellara est allé très vite dans le passage le plus raide du mur de Grammont». Plus que ses prédécesseurs en tout cas.
Aucune enquête de l'UCI
Mardi, le champion olympique du contre-la-montre a balayé dans des médias belges les doutes sur sa performance: «Cette rumeur est tellement folle que je n'ai pas de mots. Je n'ai jamais eu de batteries sur mon vélo (...). Rassurez-vous, mes réalisations sont le fruit d'un travail de dur labeur», a-t-il avancé. Jean Wauthier, le spécialiste du matériel de l'Union cycliste internationale (UCI), explique à Libération.fr qu'aucune enquête ne sera ouverte. «Les autres équipes n'ont pas porté réclamation, la course est finie et il y a eu une destruction des preuves», avance-t-il.
Mais le «Monsieur matériel» de l'UCI confirme la faisabilité technique d'un tel dispositif. «Des brevets sur des bicyclettes électriques sont déposés depuis quelques années, le transfert de technologie est dans l'ordre des choses.» Concrètement, il s'agit d'un «Gruber d'un peu moins de 2 kilos. Le système peut fonctionner jusqu'à deux ou trois heures. Mais si on utilise une impulsion continue, cela ne dépasse pas trente minutes».
Le gain en terme de puissance est substantiel: «jusqu'à 130 watts», selon Jean Wauthier. Les coureurs les plus performants peuvent développer près de 450 watts dans les étapes de montagne (lire cet article de Cyclismag). Autre avantage, le moteur resterait indétectable, puisque les vélos ne sont examinés que «visuellement» avant le départ des courses en ligne.
Un poids rédhibitoire
Pourtant, d'après le responsable de l'UCI, «l'affaire Cancellara» n'est que pur «fantasme». «Utiliser un tel système en compétition n'a aucun sens. Son poids est très pénalisant, alors que les coureurs se battent aujourd'hui pour gagner 50 grammes. L'inconvénient est beaucoup plus grand que l'avantage retiré», estime Jean Wauthier.
Enfin, ce genre de dispositif - au réglage très fin - supposerait de mettre les mécaniciens dans la confidence: un secret difficile à garder dans une équipe aussi connue que la Saxo Bank. L'UCI a néanmoins promis «d'accélérer (ses recherches) pour trouver la manière de scanner les vélos», conformément à l'article 1.3.010 de son règlement, qui interdit toute «assistance au pédalage».
Quant aux adversaires de Cancellara, ils se montrent pour l'heure discrets. «Le film sur Youtube a de quoi faire naître un doute. Mais je reste convaincu que Fabian a réalisé sa performance avec sa seule force», a estimé Wilfried Peeters, directeur sportif de la formation belge Quick Step. On savourera néanmoins cette sortie du manager Patrick Lefevere auprès de Cyclingnews: «Le dopage mécanique, c'est pire que le dopage. C'est du vol.»