Oui, Milosevic a décrété cela.
Ca a commencé comment la guerre en Yougoslavie ? Par le fait que les minorités serbes qui se trouvaient en Croatie se sentaient (que ce fût réel ou imaginaire ne m'importe pas ici, je n'en sais rien et je m'en fous, ça ne change strictement rien au schmilblick) opprimées dans leur serbitude.
Milosevic, qui n'était pas plus fasciste qu'un autre, mais certainement un nationaliste, plutôt socialisant, disons, leur a dit qu'il allait les défendre. Ce n'est pas lui qui a initié ou inventé, il a effectivement été appelé à la rescousse par des Serbes (combien ? une majorité ? je ne sais, encore une fois).
Tout comme les Allemands des Sudètes souhaitaient eux-mêmes être rattachés au Reich.
Après, c'est parti en vrille avec la Bosnie et tout ça où a prévalu le fait que partout où il y avait un Serbe, là aussi était la Serbie.
Si on n'a pas compris cela, on n'entend pas non plus un des aspects qui expliquent la surréaction de l'Europe par rapport à la question ukrainienne.
Une des raisons, c'est que cela ressemble beaucoup à ces épisodes fâcheux. Les Criméens sont des Russes, pas des Ukrainiens, vous faîtes un réferendum, ils ne demandent qu'à être rattachés à la Russie, ils supplient les Russes de venir les sauver (en plus avec des motifs légitimes, d'ailleurs, ils ont été effectivement provoqués et ils ont des vraies raisons de se plaindre).
Mais l'Europe préfère une injustice à un désordre. Je veux dire que les Criméens ont peut-être raison sur le fond, mais que l'on ne peut pas autoriser ce genre de choses en Europe, parce que les expériences que j'ai rappelées ont toutes conduit à des catastrophes. D'où la doctrine que, malgré tous les problèmes que cela peut poser, il faut préserver à tout prix l'intangibilité des frontières. Elles sont pas justes, ça pose des problèmes, peut-être, mais il ne faut pas y toucher, ça fout trop le bordel.
Même dans des pays où ce serait a priori moins agressif et porteur de guerre. Par exemple, les Flamands et les Wallons, ça n'a jamais été le grand amour, mais c'est très tendu en ce moment. Certains ont parlé de rattacher la Wallonie à la France, ce qui n'est pas forcément idiot en soi. Mais cela n'a été repris par personne de sérieux parmi les politiques, au nom de cette doctrine, c'est-à-dire : maintenant, on ne touche plus à rien, c'est beaucoup trop dangereux.
Pour revenir enfin à l'Allemagne, cela avait d'ailleurs été une des craintes au moment de la réunification entre RFA et RDA. Que Mitterrand, d'ailleurs, peut-être un menteur et un salaud, mais pas un idiot ou un ignorant, préférait appeler lui "unification" et pas "réunification". Ceci parce qu'une véritable "réunification" aurait remis en question la frontière avec la Pologne (la ligne Oder/Neisse) et donc le prélude à un bordel sans nom.