La vérité et Nietzsche l'assène magistralement dans sa généalogie de la morale c'est que l'homme moderne, neuf, de moins en moins ne pourra assumer ce goût présenté comme archaïque pour la cruauté qui toujours au long de son évolution marqua ses plaisirs, et induisit ses règles morales. Ainsi chaque noble possédait dans son entourage des êtres dont la seule fonction étaient de récupérer toutes les moqueries (amputés, myrmidons, difformes...etc), ainsi chaque châtiment rendu en justice apportait sa part de plaisir sadique en compensation de la faute commise (tu m’as pris un bien, tu me donnes du plaisir en expiant). Et lorsque la réalité du quotidien ne fournissait ni son lot de bouffons, ni son lot d'expiateurs, alors c'est sur la scène et dans l'onirique que les pires tragédies nourrissaient les appétits sanglants (on parlait l'autre jour d'Euripide qui avec Médée dépasse de loin dans l’inoculation de conscience une pauvre lidia de miura).
Là tu parles du talion et du bouc émissaire.
L'infanticide légal, nous le voyons dans toute sa splendeur aujourd'hui avec l'IVG. Archaïque, dis-tu ?
La justice humaine n'est pas aveugle, et on le voit toujours aujourd'hui, pas besoin de remonter aux nobliaux.
Bref, cette délectation pour le crime, presque toujours sous des prétextes moraux ou religieux, donc non gratuits, était chose acceptée.
Tant que ce n'est que l'autre qui subit ...
L'homme neuf, celui qui a donc supplanté l'ancien, qui l'a tué pour faire simple, avec la cruauté idoine évidemment, ne peut de par même sa construction véhiculer ce fardeau.
On se rend compte de nos jours que l'homme neuf est resté bien ancien.
Katou, le petit écureuil (et bien d'autres) en est l’archétype : enfermé dans la négation des ressorts de son être, ''son âme'' comme elle aime à dire, la cruauté que d'autres persistent à exposer aux foules sur le sable brûlant lui est insoutenable car la ramène à cette partie d'elle qu'elle pensait enfouie à jamais. Cachez ce sang que je ne saurais boire.
Le sang versé de l'innocent ne devrait jamais être un spectacle de jouissance, or en ce qui concerne le spectacle tauromachique c'est exactement cela, la jouissance de voir du sang innocent versé.
Elle est le pur produit de ce christianisme décalé qui a construit cet être de contradictions aux postures insoutenables, qui prône toujours le bien, son bien, tout en ne croissant socialement qu’au détriment de l’autre, en lui infligeant des violences notamment au plan matériel sur fond de tragédie sociétale que les myrmidons du début de notre ère n’auraient jamais endurées. Car eux au moins étaient nourris par les nobles qu’ils amusaient, et respectés dans leur fonction.
Pas décalé, c'est selon la Parole christique mais pas seulement, cela s'appelle l'évolution humaine. Gandhi n'était pas chrétien.
« Je crois que l’évolution spirituelle implique, à un certain moment, d’arrêter de tuer les êtres vivants que sont les animaux, simplement pour satisfaire nos désirs physiques ».
« On reconnaît le degré de civilisation d'un peuple à la manière dont il traite ses animaux ».
La corrida est un monde fermé, un vieux monde,
Le monde surtout des princes espagnols qui adoraient ces spectacles de corridas.
constitué d’humains qui s’assument, des survivants d’une vieille espèce qui ne peut plus guère survivre aujourd’hui qu’en des périmètres restreints : l’homme.
Cela n'appartient pas au patrimoine français.
Des couillus, j’en ai rencontrés en haute montagne et dans l’arène, deux mondes où la violence est strictement encadrée, donc parfaitement intégrée. Je suis certain qu’en haute mer on en croise aussi.
Je suis d'accord avec toi en ce qui concerne la montagne et la mer car l'homme est face à infiniment plus fort que lui, il n'a qu'une maîtrise relative, mais les danseuses ridicules n'ont aucun rapport avec ces hommes. Le travail leur est mâché par l'entrainement de passes sachant qu'un toro réagira toujours de la même façon et par l'aide des picadores. On aurait pu parler d'affrontement s'il y avait une once d'égalité entre le torero et le toro, or ce n'est pas du tout le cas. Le toro ne fait qu'essayer de défendre sa peau qu'il perdra automatiquement à la fin, après de longues minutes de souffrance.