Poufpouf
Épisode 2 –
Suite du précédent.
Le sujet de ce fil étant une affaire de religion, sans doute serait-il bon de se demander quel était le statut des religions dans l’Empire romain. Dans l’Empire ou dans le cadre de la République selon les époques. Ce statut était exceptionnellement bon pour toutes les religions. Pourquoi ? Les romains étaient un peuple de conquérants. Ils ont soumis tous les pays de l’Empire le plus vaste qui ait été jamais conquis. Et qui s’étalait d’Asie Centrale à l‘Atlantique. De Kaboul à Essaouira. Chacun des pays de l’Empire avait son ou ses dieux, ce qui, sur l’ensemble de l’Empire en faisait beaucoup. Mais les romains ont hérité de l’Antiquité, la conviction que les religions étaient d’abord un vecteur de problèmes. Ce qui est à l’évidence une excellente analyse. Nul ne pourrait soutenir la thèse inverse.
Les penseurs et philosophes de Rome étaient les héritiers de la Sagesse concentrée des peuples de l’Antiquité. Et pour régler au mieux la question des religions, ils ont décidé d’adopter, d’office et officiellement, tous les dieux des pays qu’ils avaient conquis. Pour souligner cette attitude, au premier siècle avant l’Ère Commune, ils ont construit à Rome le Panthéon, Temple dédié, comme son nom l’indique, à tous les dieux, sans exception. Chaque habitat romain était doté d’un autel « privé » dédié aux dieux des occupants des lieux. Dans leur majorité, les ex membres des Légions, ou des auxiliaires des armées romaines, avaient ramené des pays dont il avait participé à la conquête, le symbole, la statue ou le rappel des dieux locaux. Et il les honorait sur son autel privé. Un romain qui honorait une douzaine de dieux n’était pas chose rare.
Toutes ces religions s’étaient structurées comme elles l’entendaient, aucune Loi ne les concernant. La liberté des religions était totale.
La preuve s’en retrouve, parmi cent autres exemples que l’on pourrait citer, lors des moments où l’empereur, dans une crise de mégalomanie, imposait chaque année une manifestation censée honorer sa personne impériale comme celle d’un D.ieu. Mais chaque romain qui le désirait se faisait représenter à cette cérémonie par la personne de son choix. De la même religion ou même d’une autre religion. Et la plupart du temps, les citoyens romains s’y faisait représenter par un esclave. Or les esclaves n’étaient acceptés par aucune des religions romaines et n’avaient pas de religion reconnue. Et comme dans la majorité des traditions religieuses de la planète, les religions avaient obtenu de leurs pouvoirs publics nombre d’avantages. Par exemple, exemption des impôts, droit de recevoir le legs sans impositions y relatives, places réservées lors des cérémonies officielles, etc.
Mais en outre certaines de ces religions avaient un avantage considérable. Elles pouvaient coopter un Pontife parmi ses membres, ce qui accordait à la religion concernée d’énormes avantages. Il y avait à Rome un Collège Pontifical, lui-même constitué de quatre collèges pontificaux. Leur rôle était très important à Rome. Et par définition dans tout l’Empire. C’est ce Collège Pontifical qui interprétait les Lois et établissait la jurisprudence, en collationnant les rescrits impériaux. Il prenait en charge les intérêts des religions qui avaient peu de membres et n’avaient pas de structures suffisantes pour assoir leur position. Grâce à cette activité de représentant de tous les cultes non représentés au plan administratif, ce Collège assurait le bon fonctionnement de tous les cultes, quel que soit leur importance et le nombre de leurs fidèles. Ou aidait et encadrait les nouvelles religions, que chaque quidam romain avait le droit de créer comme il l’entendait.
En outre, l’existence de ce Pontife permettait aux caciques de la religion concernée d’avoir une place réservée dans toutes les cérémonies officielles, au rang protocolaire le plus élevé, celui des princes et des patriciens.
Et, privilège considérable, le Pontife de chaque religion avait le droit de frapper monnaie et de créer de la monnaie fiduciaire à son effigie. Son sceau figurait alors sur des pièces de monnaie, d’or ou d’argent, à l’utilisation parfaitement légale.
Pour cette raison d’importance de leur rôle, les Pontifes étaient choisis, à l’intérieur de chaque religion, parmi les patriciens membres de ladite religion. Les dits patriciens constituant à Rome la classe sociale la plus élevée.
Cette question de Pontificat a été l’un des deux éléments majeurs qui ont permis à la religion chrétienne de devenir ce qu’elle est devenue. Le second élément étant la composition et le genre, au sens physiologique du terme, c’est-à-dire branchu ou fendue, des personnes que les premiers chrétiens ont choisi de convertir à leur nouvelle religion. Quoi qu’ils n’aient pas vraiment eu le choix.
Pourquoi ? Si quelqu’un est intéressé par la réponse, il la trouvera au prochain épisode.