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La Bible dit effectivement que l’on ne doit pas nommer Dieu ni écrire son nom. Ce qui n’est pas simple dans un ouvrage monumental consacré précisément aux relations entre ce Dieu et son peuple, et à l’Historique d’une culture, basée sur l’écrit et le Livre. Mais il y a des raisons précises à cet état de choses.
Le premier enseignement de la Bible, donc de la Genèse, outre la prescience du Big Bang dont la notion n’apparaîtra que nettement plus tard, est qu’une chose n’existe qu’à partir du moment où elle est nommée. La première tâche de Dieu après avoir séparé la lumière de ténèbres, est de créer les éléments constitutifs de la planète et de les nommer. Les nommer en fait des réalités.
Mais, revers de la médaille qui viendra au jour plus tard avec les hommes, c’est que si cette chose existe, par exemple une chose inerte comme un arbre, comme un chêne germanique par exemple, ou une chose vivante comme un veau, et comme le Veau d’Or de l’Exode, l’on peut en faire une idole.
Or le problème de toutes les civilisations prônant l’idée d’un Dieu unique est l’idolâtrie. L’on ne peut pas faire une idole d’une chose qui n’existe pas, du moins en langage vernaculaire. C’est-à-dire que l’on n’a pas nommée. Le nom vernaculaire est une notion destinée « au peuple ». C’est une manière de réserver les arcanes du divin à ceux qui peuvent traiter des notions pures, sans avoir besoin de l’image pour supporter leurs réflexions. Parce que ce sont ces images qui permettent l’élaboration, mentale d’abord, puis pratique, des idoles.
Et le premier ennemi des hébreux antiques, propagateurs de la notion d’un Dieu unique, était les idolâtres et l’idolâtrie. La première préoccupation des cohanim, des prêtres, était d’empêcher le peuple de trouver des voies vers l’idolâtrie. Et la meilleure manière d’éviter qu’un Dieu ne soit transformé en idole par le peuple, ce qui était la charge des lévites, dirigeants « matériels » du peuple hébreu, de la religion et de ses rites, est que ce Dieu n’ait ni image ni même de nom.
D’où l’utilisation par la Bible de plus de deux douzaines de noms pour qualifier Dieu. Et l’interdiction d’écrire son nom. Ce qui amène les puristes du Judaïsme qui veulent s’en tenir aux prescriptions antiques, à séparer la première consonne du nom de Dieu, du reste du mot. D’où la transformation dans les textes profanes du mot « Dieu », en « D.ieu ».