Parce qu'elle est le dix neuvième pays à entrer dans la zone euro, l'arrivée de la Lituanie va entraîner une modification du système des votes aux conseils des gouverneurs de la BCE. Le gouverneur de la banque centrale allemande sera exclu des votes une fois sur cinq, ce qui déplaît outre-Rhin. On notera que les "petits pays" (tous sauf Allemagne, France, Italie, Espagne et Pays -Bas) ont droit à un taux plus défavorable encore. Controverse à l'image de l'Europe, cette usine à gaz à plusieurs vitesses et aux allures de poulailler.
Quand la Banque centrale européenne comptera 19 pays membres, au Ier janvier 2015, tous les gouverneurs des banques centrales nationales ne pourront pas voter à chacun de ses conseils. Mario Draghi devrait réagir ce jeudi à une révolution qui fâche outre-Rhin.
La Lituanie a obtenu fin juillet tous les feux verts nécessaires pour entrer dans la zone euro à compter du Ier janvier 2015. (...) la présence de la Lituanie va bouleverser de fond en comble le système actuel des votes au conseil des gouverneurs de la BCE, l'instance de décision de la l'institution. Certaines fois, il arrivera même que la Bundesbank dont le pays pèse à hauteur de 27,5% du capital de la BCE, ne pourra pas participer au vote. (...)
Aujourd'hui tous les membres du Conseil des gouverneurs participent chaque fois aux votes. D'un côté les 6 membres du directoires de la BCE, dont le président Mario Draghi, et de l'autre les 18 gouverneurs des banques centrales nationales. Ce qui fait beaucoup de gens même si le système actuel semble logique.
La crainte est que le Conseil des gouverneurs perde sa «capacité décisionnelle» au fur et à mesure que la zone euro s'élargit, et c'est sa vocation de rassembler tous les pays de l'Union européenne, à l'exception du Royaume-Uni et du Danemark. Il a donc été décidé en décembre 2002 de créer «un système de rotation» à partir du moment où le nombre de pays de la zone euro dépasserait la barre des 18. Or ce sera chose faite avec la venue de la Lituanie dès l'an prochain.
Le nouveau système, imaginé et ratifié en 2002 par tous les pays de la zone euro, fonctionnera de la façon suivante. Tout d'abord les six directeurs de la BCE garderont chacun leur droit de vote pour toutes les réunions mensuelles comme auparavant. En revanche pour les dix-neuf gouverneurs de banques centrales, deux groupes ont été constitués. D'un côté les cinq premières économies (Allemagne, France, Italie, Espagne et Pays -Bas): leurs gouverneurs se partageront quatre droits de vote, autrement dit un mois sur cinq l'un de ces cinq pays sera privé de vote. Quant aux quatorze autres pays, «plus petits», ils disposeront collectivement de onze droits de vote selon un système de rotation dont le principe est le même que pour les «cinq grands». (...)
Le changement, qui sera effectif en janvier 2015, suscite des critiques très véhémentes outre-Rhin. En particulier Markus Ferber, un député conservateur de Bavière (CSU), a interpellé le ministre des Finances Wolfgang Schaüble pour qu'il demande un «droit de vote permanent» pour l'Allemagne et les autres «grands» à la BCE (à l'instar des membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU).
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014 ... la-bce.php