Je vais me faire l'avocat du Diable. Dans un pays comme la France, où la culture sportive n'est que l'ombre d'elle-même, les Jeux Olympiques pourraient permettre de la développer.
La France et le sport, cela a toujours fait deux. Les grands champions sportifs que comptent la France, les sports dans lesquels elle brille et les foules que l'on peut voir dans les divers stades sont des leurres. En vérité, en Europe, la France compte le moins d'amateurs de sport. La preuve en est d'ailleurs que la France est le seul pays européen qui ne compte qu'un seul quotidien sportif. Les Français, dans la grande majorité, suivent au moins un sport, ce qui ne veut pas dire qu'ils en pratiquent un.
Ajoutons à cela que la France manque cruellement d'équipements sportifs. Ceux qui existent déjà commencent à devenir obsolètes, quand ils ne le sont pas déjà. La faute aux communes, qui n'investissent pas assez d'argent dans le monde sportif. La faute aussi au Ministère des Sports, de la Jeunesse, de l'Éducation populaire et de la Vie associative qui n'a pas un budget très important (pour 2014, il était de 272,4 millions d'euros). J'écoute très souvent les Grandes Gueules du Sport, sur RMC. Quasiment tous les participants ont été de grands sportifs et tous dénoncent le manque de moyen du monde sportif, en France.
Autrement dit, en France, le sport n'est pas assez mis en avant, et des événements comme les Jeux Olympiques peuvent faire changer la donne, ou, dans le pire des cas, faire au moins avancer une situation qui est assez morose.
Cependant, organiser des Jeux Olympiques coûte très cher. Tout d'abord, il y a le dossier de candidature. Les divers comités d'organisation doivent vendre leur dossier de candidature, et certains n'hésitent pas à y mettre le prix. Tokyo (Jeux Olympiques d'été de 2020) a ainsi déboursé 62 millions d'euros ! En 1997, le dossier de candidature d'Athènes avaient coûté 22 millions d'euros. Le dossier de candidature d'Annecy, qui désirait organiser les Jeux Olympiques d'hiver de 2018, a coûté 28 millions d'euros. Finalement, c'est Pyeongchang (Corée du Sud), avec son dossier de candidature à 120 millions d'euros, qui les obtiendra. Le dossier de candidature de Paris, pour les Jeux Olympiques de 2024, s'élève à au moins 10 millions d'euros. Les dossiers de candidature coûtent donc très cher au regard des risques encouru : à quoi aura servi l'argent qu'aura investi une ville, si celle-ci n'est pas désigné pour organiser les Jeux Olympiques ? Ceci explique en partie pourquoi, pour les Jeux Olympiques d'hiver de 2022, il y a autant de désistements (six villes étaient au départ candidates, il n'en reste désormais plus que deux).
Et puis, il y a les Jeux Olympiques à proprement parler. En 2012, les Jeux Olympiques d'été de Londres ont coûté la bagatelle de 11 milliards d'euros au Royaume-Uni. Un budget qui aura été multiplié par 4, entre le moment où la candidature de Londres a été retenu et le moment où ils ont été lancé. N'oublions pas non plus les Jeux Olympiques d'été de Pékin, en 2008, qui ont couté à la Chine pas moins de 40 milliards de dollars. Certes, les villes ne sont pas tenue de faire dans l'extravagance, comme à Pékin, mais quoiqu'il en soit, oui, organiser des Jeux Olympiques demande de gros investissements financiers.
Mais plus que les investissements financiers que demandent l'organisation des Jeux Olympiques d'été ou d'hiver, il faut surtout voir leur impact économique. Autrement dit, il faut voir loin, il faut voir sur le long terme. Lorsqu'une personne investit de l'argent dans quelque chose, c'est pour que ce quelque chose lui rapporte de l'argent ! Le problème avec les Jeux Olympiques d'été et d'hiver, c'est que cet impact économique reste toujours incertain : Munich (1972) et Montréal (1976) ont perdu de l'argent avec leurs Jeux Olympiques, quand Los Angeles (1984), Barcelone (1992) et Atlanta (1996) ont gagné de l'argent.
Bref, les Jeux Olympiques, sur le plan économique, ne sont pas obligatoirement rentables, mais, par contre, sur le plan sportif, ils peuvent apporter beaucoup à un pays.