Je préfère bien plus le mode de pensée anglais qui consiste à dire: "Ok, on est différents mais on va tout faire pour qu'on puisse bien vivre ensemble et respecter une ligne commune", que le mode de pensée français: "On est tous pareils, enfin, on va faire genre on est pareils, on va juste trancher ce qui dépasse même si ça implique que chacun se coupe un bras".
« Français de souche » c'est une expression maladroite tentant de rendre leur ethnicité aux peuples autochtones. On peut se branler sur l'universel et l'humanité comme patrie tant qu'on est entre soi ou entre Européens, mais quand on se retrouve face à de réels immigrés étrangers (des Africains, des Musulmans, etc.) on se rend compte qu'on ne sort pas du cul de Marianne, que l'universel ne l'est pas tant que ça et on se ressaisit un peu.
Le problème c'est qu'on raisonne avec ce nouvel état d'esprit dans un cadre (la France en tant qu'espace géographique unifié par une administration) qui ne s'y prête pas puisque l'État-Nation est récent et obsolète à la fois et ne se superpose pas, contrairement à ce qu'il prétend, à une ethnie particulière mais à un ensemble d'ethnies qui s'est constitué au cours des siècles, des jeux de conquêtes et d'alliance matrimoniale, etc.
Avant on raisonnait à l'échelon adéquat : un Comtois était un Comtois, un Lorrain un Lorrain, etc. peu importe qu'il soit sujet du roi de France ou de l'Empereur. Le peuple au sens organique et ethnique du terme d'un côté, l'ensemble des sujets d'une structure politique de l'autre.
Dans l'absolu je préfère également le modèle intellectuel anglais/impérial/d'ancien régime (vous êtes membre de la communauté machin, réalité organique et culturelle, et sujet de tel État/couronne, réalité politique et historique, les deux ne se confondent pas.)
La vision française républicaine n'a tenu debout que lorsque la machine centrale jacobine était assez puissante et sûre d'elle pour franciser à la truelle toutes les périphéries (géographiques ou temporelles, les immigrés récents). Confondre définitivement la citoyenneté/allégeance avec la nationalité, c'est la racine des problèmes actuels.
Une fois qu'on a vu ça, on peut s'attarder sur les failles de la notion et ricaner en parlant des Bretons et des arrières-grands-parents siciliens, ou comprendre au-delà des mots et être un peu sérieux.