Des textes? des mots?
QB, j'en écris des tonnes, inégaux, farfelus ou incisifs
J'avais commencé ici à en mettre mais comme les textes et mêmes des forums disparaissent sans raison, j'ai cessé d'en mettre un temps.
En voici un, bien sur lié à ce qui nous lie ici sur FOPO. Il est vieux d'environ 4ans, vous étiez donc 4 ans plus jeune... C'est mon copain Horace bien sur... J'en ai une bonne trentaine reçues de lui.
à la réflexion en les relisant, cela ne vieillit pas si mal.. Enfin je trouve...
Quand bien sur, on s'y retrouve : Pas toujours facile pour le béotien qui tombe dessus par hasard.
Bonne lecture d'un autre temps...justement
Horace et la fin des Utopies.
Bonjour mon cousin
Vous me voyez désolé pour ce long silence où je vous ai laissé, mais il me faut vous dire qu’actuellement j’ai peu de temps pour rester derrière mon écritoire.
Ce n’est point que l’encre de Chine me manque, encore moins les idées, vous me connaissez et savez que j’en regorge, mais c’est disons cette lassitude qui parfois m’enveloppe de son linceul, me retenant prisonnier, alors que j’en perdrais le goût de vivre… Cela est de plus en plus fréquent mon cousin et même les douceurs que Madame de Maufrigneuse m’a fait porter céans n’ont pas changé grand chose à cette humeur chagrine qui me colle à la peau.
Il faut dire Mon cousin qu’il n’est de voir ou d’écouter ces étranges machines à parler au loin pour ne point être rassuré. Vous n’êtes pas sans savoir mon cousin que notre nouveau monarque se voit vieillir d’heure en heure. Je le regardais l’autre jour alors qu’il passait dans ces étranges lucarnes où désirent se presser tout ce qui s’imagine mériter l’attention, il apparut derrière une estrade, tassé, le teint gris, la mine sévère sinon grave, annoncer à la piétaille innocente que leurs pensions étaient enfin préservées pour quelque temps et que la réforme continuerait envers et contre tous.
Je l’écoutais parler mon cousin , plus d’emphase, plus de brio ni de lyrisme, juste une implacable volonté d’agir envers et contre tous!
Rappelez vous mon cousin lorsque sa grande argentière a la crinière blanche vint en compagnie de son ministre des finances, (le déplumé précoce) lui présenter l’état des finances du Royaume.
Par le pur des hasards comme le disent ceux qui n'ont point fait leurs lettres, j'étais dans l'antichambre et surpris l'essentiel de leur conversation:
A la lecture du grand livre des comptes (qu’il connaissait d’ailleurs fort bien vu ses fonctions antérieures) il leur répondit:
"Hé bien nous devrons encore emprunter comme toujours afin de pouvoir payer la piétaille attendant la mort, et aussi ces docteurs, qui tels des bonimenteurs de foire, font croire qu’ils sont le salut de l’inéluctable et voilà tout!"
La grande argentière, pour une fois, perdit son ineffable sourire de circonstance…
"Mais Sir, les banques ne veulent plus nous prêter ou alors à des taux frisant l’usure!"
Comment? S’étonna le Monarque, mais c’est MON argent dont ils disposent et j’entends bien leur faire rendre gorge! Que ne les ai- je laissés crever lorsque de là - bas aux Amériques ils ont été s’encanailler dans les tripots de Las-Végas et se sont fait voler tout ce qu’ils avaient dans leurs coffres sans même mon autorisation! Puis sont revenus ici, fauchés comme Job, tendant la main comme des affamés!
-Oui bien sur Sir répondit le déplumé précoce accompagnant la grande Girafe, mais ce n’est plus votre argent vous le savez bien, il s’agit de celui de Bruxelles.
Le monarque s’emportant alors: "Mais enfin, Bruxelles, Bruxelles, mais qui sont ils donc ces petits messieurs qui recommandent et n’ont point mes responsabilités face à la populace perdue?
Ils commencent vraiment à m’énerver ceux-là ! "
D’ailleurs c’est où Bruxelles? Dans quelle Belgique? Vous savez bien qu’ils ne peuvent pas se sentir!
L’une parle comme chez nous et mange des gaufres et des frites, l’autre parle un peu comme les teutons et mangent des harengs saur! Ça ne pouvait pas marcher de toute façon!
Voyez Angela, j’ai beau lui faire risette, mettre mon plus beau costume, dès qu’elle aperçoit ma Carlita, elle a sa mine des mauvais jours et ne manque pas une occasion pour m’écraser mes bottillons!
-Mais sire… Osa le déplumé précoce…
-Ho vous, contentez vous de tenir les comptes à jour et de réformer ces pensionnés qui nous ruinent, j’entend déjà assez parler de vous dans les gazettes!
Le déplumé baissa les yeux , la grande Girafe repris son souffle afin de se lancer dans une analyse financière dont elle a toujours eu le secret...
Car figurez vous mon cousin, que la dame en connaît un rayon pour avoir ferraillé à l’épée mainte fois dans les pires bouges du New York BCBG. Ceux où l’on gagne en un mois ce que les ouvriers de Detroit ne gagnent pas dans une année!
"Sire, il nous faut absolument réformer, sinon la ruine et le chaos seront au bout du chemin mais j’ai bien peur que les syndicats…"
Le Monarque n’ écouta pas un mot de plus et la regarda droit dans les yeux:
Ha ces banquiers se veulent Rois? Ces syndicalistes se prennent pour des Empereurs ?
Hé bien vous allez voir ! Je m’en vais les remettre tous à leur place!
J’ai promulgué une loi accroissant le pouvoir des syndicats, mais qu’ils ne s’y trompent pas!
Ils ne gouverneront pas à ma place!
Quant aux banques j’ai là quelques idées pour les faire rentrer dans le rang.
Cependant, une chose après l’autre Madame, occupons nous déjà de rassurer nos créanciers!
Tous ces manants vivent de plus en plus vieux, on ne les portent en terre pas avant 75 ans, que dis-je, j’en connais qui a 85 rêvent encore de me faire de l’ombre!
Que dire des ces Marquises écrivant dans les gazettes, toutes ou presque ont plus de 65 ans et ne passeront l’arme à gauche pas avant 95! Il en faut des sous Madame pour pouvoir payer pensions à tout cela à ne rien faire ou vraiment pas grand chose! Même pas des confitures ,c'est dire...
Je vais donc réformer, il me faut dans l’urgence gagner 2 ans, pour la finance ce sera rassurant.
Il me faut continuer à fermer hôpitaux et dispensaires en surnombre; inutile d’inciter les malades à la moindre alerte, à venir ruiner cette sécurité sociale qui puise dans nos coffres toujours un peu plus chaque jour!
Il faudra aussi que nous parlions sérieusement de cette CMU Madame, je viens de voir dans cette colonne une inflation injustifiée de ses dépenses! Mais chaque chose en son temps.
Aussi, pensez à réformer cette carte vitale au plus vite à présent, il y en a presque autant de fausses que de vraies, sans parler des vrais qui servent a 5 manants a la fois vous savez de quoi je parle tous cousins cousines tous le même prénom pour un même patronyme: il faut que cela cesse, il ne s’agirait pas de copier le laxisme de vos prédécesseurs Madame! Touchez-en quelques mots à ce ministre de la santé qui me semble ne pas trop pendre la mesure du problème.
Décidément je dois tout faire ici!
Et puis il va falloir me changer très vite ces mauvaises habitudes universitaires prises depuis justement ces années 68. J’ai décidé leur autonomie, en retour, j’exige des classements !
Que Paris X, Nanterre, Toulouse le Mirail ou Rennes II défilent en tête de cortèges dans nos rues m’indiffère, elles sont toutes dans les dernières du classement des universités. Les gosses qui sortent de ces machins de toute façon ne trouveront aucun job découlant de leurs prétentions!
Ce sont les gagnants qui m’intéressent, car ce sont eux DEMAIN, qui assureront notre prospérité!
Mon cousin, vous l’auriez vu debout, derrière son bureau et tout rouge de colère ...
Il a ajouté:
Je vais faire passer ces indispensables réformes, ce ne sera que le début d’une vaste remise en question et pour tous, d’avantages acquits en d’autres temps et définitivement disparus!
Il peuvent me bloquer gares, ports et terminaux d’huile lampante, je ne plierai pas bien au contraire!
Je suis le dos au mur je ne puis que me battre! Mort aux Kons!
Le déplumé précoce et la grande Girafe se levèrent à l’invite du Monarque qui lui souffla à l’oreille, grimpé sur la pointe des pieds… N’oubliez pas de rassurer la finance, sans elle tout est perdu, ils vont se sauver chez Angela et je n’aurai plus que des gueux en fin de vie et des parasites à gérer. Je compte sur vous ma chère.
Vous comprendrez mon cousin que je restais là dans ma cachette sans dire un mot!
Je n’aime point ces temps d’orage chaotique, mais ce qui est sur, c’est que tous ces vieux machins sexagénaires peuvent rêver de leur jeunesse et de ces années 68 de l’autre siècle, je crains fort qu’ils ne reverront plus JAMAIS pareille chienlit!
Ce n’est pas sous tous les règnes qu’on se prend 2 mois de vacances avant l’heure!
La trique à présent est de rigueur et la rigueur indispensable.
C’est pourquoi mon cousin, je n’ai point trop le temps de vous écrire, même si ce jour j’ai fait exception, les temps sont d’une rudesse pire que cet hiver précoce et si quelque répit persiste, ce ne sera demain que pour sans nul doute sentir souffler ce vent glacial des pires tempêtes hivernales, nous laissant transis de froid face à nos énergies renouvelables utopiques que la grande argentière effarée en découvrant la réalité refuse à présent de financer.
Les temps changent mon cousin, celui des illusions s’envole au vent mauvais, celui des désillusions est arrivé. On ne parle plus dans les salons dorés que de ré-industrialisation et gageons que pour Noël les petits d’hommes du 16 ème vont découvrir au pied de l’arbre de Noël un Mécano, afin de susciter chez eux l’envie de se rentre utile afin de ne pas vivre comme Papa, en simple parasite ruinant en fait le système!
Au plaisir de vous lire mon cousin
Horace