Enquête sur la nébuleuse «rouge brune »
Existe-t-il une nébuleuse «rouge brune»? Oui, répond le journaliste Frédéric Haziza, qui consacre à ce sujet ultrasensible une enquête minutieuse intitulée Vol au-dessus d'un nid de fachos, à paraître le 15 janvier chez Fayard. Dans cet ouvrage, sous-titré Dieudonné, Soral, Ayoub et les autres, il étudie les liens souvent obscurs entre un certain nombre de groupuscules, de personnalités, «militants d'extrême droite négationnistes, anciens militants d'extrême gauche obnubilés par le combat anti-Israël», auxquels se mêlent des islamistes salafistes et des jeunes des banlieues.
Selon lui, les animateurs de cette mouvance sont Dieudonné, Serge Ayoub, leader du groupe d'extrême droite Jeunesses nationalistes révolutionnaires et du mouvement Troisième Voie des années 2010, et le polémiste Alain Soral, ancien militant communiste qui fut compagnon de route du Front national et est aujourd'hui brouillé avec Marine Le Pen.
«Je ne suis pas d'extrême droite, je suis national-socialiste», affirme Alain Soral dans Dialogues désaccordés, livre d'entretiens avec Éric Naulleau paru à l'automne. «En tant que national-socialiste français, ça m'agace d'être rangé à l'extrême droite, qualificatif qui désigne pour moi les néoconservateurs, les impérialistes américano-sionistes et le pouvoir bancaire international», ajoute Soral.
Attaques virulentes
Les ennuis de Frédéric Haziza, journaliste à Radio J et à La Chaîne parlementaire LCP, ont commencé en novembre 2012 lorsqu'il a refusé d'accueillir Alain Soral sur le plateau de LCP. «Je me refuse à inviter des gens qui diffusent des idées racistes, antisémites, du même ordre que celles qui ont envoyé mon grand-père à Auschwitz», explique Haziza. Une campagne a été lancée sur le site Internet de Soral, relayée cet été par une pétition demandant qu'il soit mis à la porte de LCP. Les auteurs de cette pétition dénonçaient «son incompétence, son tribalisme, sa partialité, sa totale agressivité et ses multiples provocations contre ceux qui ne sont pas d'accord avec lui». Depuis, Haziza fait l'objet d'attaques virulentes et d'insultes sur Internet et sur Twitter. En septembre, lors d'un procès au TGI de Paris opposant Dieudonné et Cindy Leoni, présidente de SOS-Racisme, il a même fait l'objet de menaces physiques pour lesquelles il a déposé plainte. Ce qui a conduit le procureur de Paris à ouvrir une enquête préliminaire. Malgré les mises en garde répétées de certains de ses proches, Frédéric Haziza s'est lancé dans l'écriture de son livre pour dénoncer «la menace croissante de ces groupuscules». «On ne peut pas rester les bras ballants. Il ne faut rien laisser passer», proclame-t-il.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france ... -brune.php