J'avoue que dans ma branche je suis parfois désappointé par le nombre de suiveurs/contrôleurs/arbitres/ sur une affaire lambda.
Ils dépassent parfois le nombre de techniques, a fortiori en masse salariale.
Bref 4 qui rament et 8 qui donnent le cap, un classique.
Pour être monté assez haut dans la hiérarchie de ma boite jusqu'à fréquenter le pouvoir, j'ai fini par comprendre plusieurs phénomènes qui facilitent une nouvelle forme de bureaucratie:
- le manque de confiance financier et vous n'imaginez pas la quantité de paperasse que demandent les actionnaires (les gros, c'est à dire les fonds et les banques) et les prêteurs (les banques) en sus des rapports financiers et juridiques normaux: rapports éthique, sociétal (égalité H/F, non discrimination), hygiène-sécurité-environnement et développement durable, "risk register", comité d'audit interne, comité stratégie. Le tout est produit par des équipes internes assistées par des consultants, et audités/validés par des commissaires aux comptes/consultants
- la croissance infernale des effectifs des DRH dans les grands groupes. Le métier devient de plus en plus complexe dans tous les pays. Recrutement, plans de gestion des carrières, ingénierie sociétale (tout ce qui tourne autour de l'égalité, de la non discrimination et de l'intégration des "djeunes") , équipe cadre internationaux et cellule expats, relations sociales (le gars qui se coltine le CE et les DP) en sus des classiques services paie, "benefits" (sécurité sociale, complémentaires, retraites, etc), formation
- la croissance des directions d'appuis en relation avec les 2 précédents points ( HSE et développement durable avec des équipes technique, d'audit, de conseil, audit interne, contrôleurs financiers, directions juridiques qu'on sépare maintenant entre "droit des sociétés" (c'est à dire tout ce qui concerne le conseil d'administration d'une part, et la gestion juridique des filiales d'autre part) et droit commercial et financier, direction des risques, direction des "relations institutionnelles" (réglementations et lobbying, un enfer)
- la croissance infernale des directions de communication (financière, développement durable, grand public, clients et publicité) car tout ce qui se fait doit s'inscrire dans une doctrine, un format et un langage (et plusieurs langues)
- le besoin d'un nouveau modèle de relations commerciales: il y a toujours le gars qui se déplace avec ses brochures et ses slides chez les clients en essayant de vendre, mais il y a de nouveaux type de commerciaux: grands comptes (qui s'occupent des négociations de grands contrats mondiaux ou nationaux), marketing, e-business
- la croissance des directions informatiques.
Les directions de grands groupes luttent constamment contre les frais fixes de siège(s), mais sont obligés de composer avec l'évolution du monde. Une faute de communication commerciale grand public, ou une erreur de communication financière, une cagade environnementale et le groupe est en bas du CAC et vendu à vil prix. Alors il faut des équipes nombreuses et solides de gens intelligents qui ne sont in fine que des bureaucrates et des technocrates. D'où le sentiment que certains ont que les couches "productives" sont malmenées.