Oui.
J'ai été étonné, il y a un ou deux ans, après avoir acheté un bouquin (trouvé par hasard dans une brocante) de Mendès-France, par la lucidité de certaines analyses - d'un type que j'ai plutôt tendance à voir comme un social-démocrate bêlant un peu poussiéreux.
Jean-Marie Le Pen n'était pas à même, à l'époque comme maintenant, de percevoir cette acuité : il se contentait de saillies obscènes s'en prenant au physique de Mendès. Il avait déjà mis au point le discours qui a tant fait florès après : attaque immonde avec allusions antisémites transparentes, repli stratégique après avec des considérations comme : vous admettrez que le Président Mendès-France n'est pas tout à fait un Adonis (je cite de mémoire, c'est un truc comme ça, c'est peut-être Apollon et pas Adonis, mais c'est le même tabac). Je dis d'abord que Mendès a une sale gueule (analyse qui ne vaut que pour lui et qu'on n'opposera à aucun autre), et quand on me demande des comptes sur ce type de jugement, je réponds : ah, parce que vous le trouvez beau, vous ?