Hollande veut remettre Ayrault au pas
Agacé par la polémique sur l'intégration, le président circonscrit le big bang fiscal dont rêvait le premier ministre.
Rien ne va plus entre l'Élysée et Matignon. Ces derniers jours, François Hollande a recadré Matignon sur deux dossiers majeurs: l'intégration et la fiscalité. Deux sujets sur lesquels Jean-Marc Ayrault avait tenté de pousser son avantage. «Ayrault s'est senti en danger et a repris l'initiative tous azimuts, mais ça lui est monté à la tête, analyse un proche de Hollande. Avant, Ayrault ne protégeait pas assez le président. Maintenant, il le met en danger. Ça exaspère Hollande.»
En déplacement au Brésil et en Guyane, le chef de l'État a été furieux de voir la polémique autour du «rapport» sur l'intégration - mis en ligne sans discernement sur le site de Matignon - lui gâcher une journée de voyage et éclipser l'accord sur la formation professionnelle. Devant sa délégation, le président a été cinglant: ce rapport ne se serait jamais retrouvé «sur le site de l'Élysée», a-t-il lancé quand certains de ses proches mettaient en cause le fonctionnement de Matignon. «Hollande reprend des couleurs dans les sondages et il s'agace de ce type de couacs qui vient bousculer sa contre-offensive», commente un dirigeant PS.
Lignes rouges
Même recadrage sur la fiscalité, qui ne sera pas le big bang annoncé par Ayrault. Hollande ne veut pas d'une réforme qui détricote ce qui a été fait depuis mai 2012. Encore moins d'une réforme «impopulaire». Ce faisant, il dessine tellement de lignes rouges que la «remise à plat» claironnée par Matignon ne peut qu'accoucher d'une souris.
Ce n'est pas tout. Ayrault se voit reprocher par les proches de Hollande de se pousser du col, de «se prendre pour le président». Est aussi pointé le côté autoritaire du premier ministre, qui ne «joue pas collectif.» «Ayrault ne peut pas pousser son avantage trop loin, prévient un ministre. Ou il risque de le payer.» Un autre ministre, exaspéré, lâche: «Vous ne vous rendez pas compte de la manière dont on est traité par Ayrault! Quand on est en déplacement avec lui, il ne donne jamais la parole à ses ministres. Hollande ne fait pas ça!» Un troisième ne décolère pas contre l'exercice solitaire du pouvoir du premier ministre: «S'il y avait plus de travail collectif, ce ne serait pas une perte de temps. Moi, j'ai besoin d'un cadre!»
Voilà, après les municipales, après les européennes ... ou demain. Valls 1er ministre, c'est le joker de Flanby !