Les Médicis ont engendré dix rois de France, n'en déplaise aux puritains franchouillards qui veulent faire de la France un pays "non souillé" par l'esprit mercantile...
Deux papes, deux reines de France et dix rois, voilà ce qu'ont engendré les Médicis, qui étaient au départ de simples apothicaires (leur blason contient d'ailleurs des pillules).
Une belle leçon d'humilité pour cette France arrogante qui ne jure que par la pureté (au regard de l'argent) et, historiquement, que par la noblesse d'épée, et qui aujourd'hui encore, ose trafiquer l'Histoire et prétendre qu'elle n'aurait pas de sang "souillé" par des "marchands" ...
Car "nobles", les Médicis ne l'étaient certainement pas selon les critères qui prévalaient en France : ils n'avaient jamais porté l'épée, c'était de simples marchands enrichis. A Florence, ils n'appartenaient même pas à l'aristocratie locale, qui voyait en eux des parvenus. Catherine de Médicis, qui épousa le futur roi Henri II de France, venait "de très bas milieu", d'une maison longtemps cachée "sous la lie du peuple, en petites ruelles" (alors que les palais des grandes familles florentines étaient situés dans des rues importantes).
Le patronyme "Medici" (en italien, le pluriel de "medico" signifiant médecin) désigne clairement les Médicis comme les descendants de médecins-apothicaires, non point domestiques comme beaucoup de leurs homologues français chargés de veiller la santé d'un grand seigneur, mais boutiquiers susceptibles d'étendre leur commerce à bien d'autres marchandises que les onguents, thériacles et orviétans. Ce qu'ils firent.
Devenus immensément riches, ils rougissaient si peu de leurs origines qu'ils arboraient des armoiries comportant des pilules - palle en italien -, que leur forme ronde permit de faire passer en France pour des besants ou tourteaux, pièces héraldiques plus flatteuses. Mais personne ne s'y trompait. Les armoiries de Catherine de Médicis comportent bien six pilules, dont quatre disposées en carré, et deux centrales, à chaque extrémité du carré, en haut et en bas.
Florence, depuis le Moyen âge, était une république oligarchique où le pouvoir appartenait à quelques grandes familles, très jalouses de leurs privilèges : une aristocratie mercantile, fondée non sur la possession de la terre et le métier des armes mais sur l'exercice de quelques professions solidement protégées par une organisation corporative très fermée : les membres de l'Art de la Laine ou de la Soie détenaient avec quelques autres toutes les fonctions importantes de la cité.
L'ancêtre de la branche aînée des Médicis, le patriarche, est Côme l'Ancien, à la tête d'un empire commercial couvrant l’Europe entière, l’argent qu’il prêtait aux rois et aux princes toujours besogneux lui permettant de traiter d’égal à égal avec eux. Le plus brillant de sa descendance est cependant son petit-fils, Laurent dit le Magnifique, qui avait pour les lettres et les arts des dons exceptionnels. Son deuxième fils, Giovanni (Jean), devint pape sous le nom de Léon X, et son neveu Giulio (Jules), fils bâtard de son frère Julien, est élu pape en 1523 sous le nom de Clément VII.
Des roturiers, des banquiers, voilà ceux, n’en déplaisent aux menteurs pseudo historiographes épris de pureté « chrétienne », que l’Eglise appela à sa tête à deux reprises au début du XVIème siècle.
Mais ce n’est pas tout. Jean (Giovanni), devenu le pape Léon X, prend en main les destinées de la famille et marie son frère Julien (Giuliano) avec Philiberte de Savoie, la propre sœur du duc régnant et de Louise, mère du roi de France François 1er. Il promeut ensuite son neveu, Laurent (fils de son frère Pierre), en lui octroyant le duché d’Urbino. Parallèlement, il soutient les entreprises de François 1er en Italie du sud, promettant au roi de France l’investiture du royaume de Naples et le parrainage du dauphin, François, en échange d’une promesse de mariage de son neveu, le duc d’Urbino, avec une princesse française. C’est chose faite en 1518 : le 25 avril, le pape Médicis Léon X baptise le dauphin de France et le 28, son neveu, promu duc d’Urbino, épouse Madeleine de La Tour, fille de Jeanne de Bourbon-Vendôme, descendante de Saint-Louis, et de Jean, comte d’Auvergne et de Boulogne, puissant vassal possédant d’immenses fiefs dans le centre de la France. De cette union naîtront Alexandre, futur duc de Toscane, et Catherine, qui épousa le second fils de François 1er, Henri II, deviendra reine de France et donnera naissance à trois rois, François II, Charles IX et Henri III. La faiblesse ou la minorité de ses fils l'amèneront à exercer le pouvoir, de manière quasiment ininterrompue, de 1559 à 1589.
Le parcours de Marie de Médicis est quelque peu différent, puisqu’elle descend de Jean de Médicis (1360 -1429), gonfalonier de Florence et père de Côme l’Ancien. Après l’assassinat d’Alexandre 1er par son cousin Lorenzino (Lorenzaccio) en 1537, La branche cadette des Médicis prit le pouvoir et Côme 1er devint grand duc de Toscane jusqu’en 1574. Son fils, François-Marie 1er lui succéda à la tête du duché et épousa Jeanne d’Autriche, qui lui donna uniquement des filles, dont Marie, future épouse d’Henri IV et reine de France connue sous le nom de Marie de Médicis, qui exerça la régence après l'assassinat d'Henri IV. Tous les Bourbon descendants d’Henri IV sont donc, par elle, également des Médicis (Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe 1er), et donc des descendants de banquiers...