A l'instar de Christiane Taubira, Cécile Kyenge doit affronter des propos racistes depuis sa prise de fonction...
Le racisme franchit les montagnes. Les polémiques qui s’enchaînent sur les propos visant la Garde des Sceaux Christiane Taubira ne sont pas sans rappeler celles que subit régulièrement la «première ministre de couleur» de l'histoire italienne, Cécile Kyenge, récemment comparée à un orang-outang par un parti anti-immigré, La Ligue du Nord, un allié du Peuple de la Liberté de Silvio Berlusconi mais qui se trouve actuellement dans l'opposition. «Nous ne sommes pas racistes, c’est elle qui est ‘nègre’», clament-ils.
«Les insultes et menaces qui me visent à cause de ma position particulièrement exposée, visent en réalité tous ceux qui refusent le racisme et une société non violente», répond Cécile Kyenge, ministre de l’Intégration. «On ne peut pas dire» que l'Italie est raciste mais «il y a visiblement un manque de connaissance de l'autre, des phénomènes migratoires, un manque de culture de l'immigration.»
Jets de banane et racisme en ligne
Ces derniers mois, la ministre de l’Intégration du gouvernement d’Enrico Letta a notamment reçu des bananes lancées dans sa direction alors qu’elle parlait en public. Refusant de tomber dans le piège de la provocation, elle a réagi à cette agression en critiquant «un gaspillage de nourriture».
De même, des inscriptions à caractère raciste apparaissent sur les murs de certaines villes et sur les réseaux sociaux se déchaîne la haine raciale à son égard. Dès sa prise de fonction fin avril, Cécile Kyenge a été la cible d'agressions verbales et menaces de mort, postées sur des sites racistes et même sur sa page officielle Facebook.
Des membres de l'organisation d'extrême droite Forza Nuova ont déposé lors d’un meeting des poupées grandeur nature inondées de sang factice. Ils entendaient protester ainsi contre la campagne de Cécile Kyenge visant à faciliter l'obtention de la nationalité italienne par les enfants nés de parents étrangers en Italie.
Forte d’une enfance au Congo
Fière de sa terre d'adoption d'Emilie Romagne -elle vit près de Modène-, cette ophtalmologue de 48 ans, mère de deux filles, arrivée en Italie en 1983 pour faire des études de médecine, n'a pu, en raison de «problèmes bureaucratiques», obtenir la nationalité qu'après son mariage avec un Italien en 1995. De son enfance en RDC au milieu de 38 frères et sœurs d’un père polygame, cette «fille d'un chef de tribu» aime rappeler que sa «famille accordait une énorme importance à l'instruction»: «Même en période de difficultés, de troubles politiques, la seule chose à laquelle on n'échappait pas c'était l'école!»
Le choix d'Enrico Letta, premier chef d'un gouvernement gauche-droite de l'après-guerre, de créer un ministère de l'Intégration est en soi, un «signal de changement fondamental car l'idée est de ramener l'attention sur les personnes, les droits de l'homme», a estimé la ministre devant la presse étrangère.
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