L’envolée du nombre de chômeurs en septembre (+60.000) a plus qu’effacé l’amélioration inattendue d’août consécutive au « bug » de Pôle emploi . Le chômage touche près de 3,3 millions de personnes en métropole.
Cela pourrait s’appeler la double peine. Il y a un mois, le ministre du Travail s’était fait voler le plaisir de savourer la première baisse du chômage depuis plus de deux ans par un bug dans les envois de SMS de rappel chez SFR . L’erreur avait tant majoré la baisse du nombre de demandeurs d’emploi en août que celle-ci en était devenue quasiment sans valeur. Pour septembre, la même cause a produit un tout aussi mauvais effet : la baisse artificielle d’août (-50.000) a été plus que compensée par une hausse.
60.000 personnes de plus inscrites à Pôle emploi
Les chiffres publiés hier par le ministère du Travail sont cruels. Ils font état d’une augmentation de 60.000 (soit +1,9 %) des personnes inscrites à Pôle emploi qui ne travaillent pas du tout, les catégories A, portant leur total à 3.295.700 en métropole, un nouveau record. Lorsque l’on y ajoute ceux qui ont travaillé dans le mois, le constat est tout aussi mauvais avec une hausse de 54.200 (+1,1 %), aboutissant à 4.843.400 demandeurs d’emploi de catégorie A, B et C dans l’Hexagone (5.141.000 sur la France entière).
Et l'impact du bug tel qu’évalué par la Direction statistique du ministère du travail et Pôle emploi ne permet même pas de se consoler en lui attribuant la majeure partie de la hausse : il n’aurait provoqué que 16.000 à 18.000 inscriptions supplémentaires sur les listes de demandeurs d’emploi...
+ 10.000 entre juillet et septembre
La comparaison entre le troisième trimestre et les deux précédents donne une meilleure idée de la tendance à l’oeuvre sur le marché du travail. Sur les catégories A, entre juillet et septembre, le nombre de chômeurs a augmenté de 10.000. A comparer aux + 99.200 du premier trimestre et aux + 54.800 du deuxième trimestre. Il y a donc un ralentissement. Mais on n’est toujours pas encore à l’inversion de la courbe du chômage que François Hollande a fixé comme objectif pour la fin de l’année . « Il y a des tendances. Les tendances aujourd’hui, elles sont au ralentissement du chômage; elles seront demain à la baisse du chômage », veut croire le ministre du Travail. Mais pour l’heure, ce n’est pas acquis.
A la rentrée, l’exécutif avait pourtant cru être peut être sorti d’affaire. « Nous sommes près du but », s’était même risqué le président de la République mi-septembre. « Le gouvernement est loin d'avoir gagné son pari », juge le secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon, dans une interview accordée aux « Echos » . Et il n’est pas le seul.
En cherchant bien, on pourra toujours trouver une petite source d’optimisme dans l’évolution du chômage des jeunes. Il s’est certes remis lui aussi à progresser en septembre, mais sans pour autant revenir à son niveau de juin. Mais cela ne peut effacer le fait que le mois dernier, le chômage aura franchi un autre funeste record : celui des 2 millions de demandeurs d’emploi de longue durée (A, B, C confondus) en métropole. La poussée la plus marquée aura été celle des demandeurs d’emploi depuis un à deux ans. Or, une bonne part d’entre eux s’est retrouvée à Pôle emploi après l’alternance politique.
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