L'intellectuel Ben Urwand publiera en octobre prochain The Collaboration: Hollywood's Pact with Hitler, un livre qui présente de nouveaux documents prouvant la coopération de l'industrice du cinéma américain avec le régime nazi dans les années 1930. Une œuvre contestée.
«Zusammenarbeit». «Travailler ensemble», en allemand. C'est le terme qu'utilisaient les studios hollywoodiens pour décrire leur collaboration avec les officiels allemands, dans les années 1930. Le dernier livre, très controversé, du doctorant Ben Urwand, The Collaboration: Hollywood's Pact with Hitler soulève cette période sombre de l'histoire du cinéma américain. Si sa publication n'est prévue que pour le mois d'octobre, le Hollywood Reporter en a diffusé, jeudi, les bonnes feuilles.
On y apprend notamment que le fameux mot «zusammenarbeit» a été souvent utilisé dans les correspondances entretenues par les studios américains et les membres du régime nazi. Cet usage répété d'un mot - qui est lourd de sens aujourd'hui - soulignait l'envie des deux parties de préserver au mieux leurs relations commerciales en faisant fi de leurs différences.
Entre 1930 et 1940, le NSDAP (le Parti national-socialiste des travailleurs allemands) a menacé régulièrement les studios hollywoodiens de ne plus diffuser leurs films s'ils n'acceptaient pas de les modifier pour qu'ils correspondent à ce qu'en voulaient les officiels allemands. Comme le marché de Berlin était un des plus demandeurs en matière de septième art, Hollywood a préféré collaborer, ayant peur de ne plus pouvoir revenir sur ce marché si jamais ils le quittaient.
Le film de 1930 À l'Ouest, rien de nouveau a été la première «victime» de cette censure nazie. Montrant sans détours l'horreur de la Première Guerre mondiale, le long-métrage adapté du livre d'Erich Maria Remarque a fortement déplu aux nazis qui le voyaient comme un rappel de la défaite de leur pays. Lors de ses premières projections, certains militaires se sont indignés, ont essayé d'acheter toutes les places de cinéma, et n'auraient pas hésité à lancer des boules puantes et à lâcher des souris dans les salles obscures pour faire fuire les spectateurs. Soutenus par une partie du peuple d'outre-Rhin, également blessée, ces soldats ont finalement eu gain de cause, quand le comité de censure allemande décida de le retirer des salles.
Le film n'a finalement pu revenir dans le pays qu'en 1931, quand Universal Pictures et son président Carl Laemmle ont accepté de couper toutes les scènes «offensantes», non seulement pour sa diffusion en Allemagne mais également partout dans le monde.
Ce fut le début d'une longue période de «travail commun». Dès qu'un long-métrage critiquait les nazis, montrait l'Allemagne sous un mauvais jour ou s'attardait sur la maltraitance des Juifs, les scènes en question étaient systématiquement éditées dans la version américaine tout comme les versions dans les autres pays. Parfois, le parti nazi réussissait même à suspendre tous les films qui critiquaient l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler. Ce dernier connaissait bien l'importance des longs-métrages dans la propagande (les ayant lui-même beaucoup utilisés). C'est pour cela qu'il a, par exemple, soutenu Captain Courageous en 1937, persuadé qu'il transmettait les «valeurs aryennes» qu'il supportait.
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