Au cœur de polémiques de la part des élus de droite ces dernières semaines, ces espaces sont en partie gérés par des prestataires privés qui brassent des millions d'euros d'argent public.
Contrairement aux idées reçues, l’utilisation d’une aire d’accueil n’est pas gratuite. Les familles louent les emplacements à la journée (à Sannois c'est 3 euros par jour) et payent l’eau et l’électricité, à des tarifs souvent bien supérieurs à la normale. Comme le remarque la Cour des comptes, les niveaux de tarification «sont disparates, parfois difficiles à expliquer et à l’origine d’inégalités de traitement entre usagers». Ils vont de la gratuité dans certains départements (comme les Côtes-d'Armor) jusqu'à une dizaine d'euros par jour, accompagnés de cautions volontairement prohibitives dans certains cas.
La société Gens du Voyage, basée à Marseille, est montrée du doigt par la Cour des comptes. «Le chiffre d’affaires de la GDV, constitué à plus de 80 % de fonds publics, a sensiblement augmenté au cours des dernières années. En 2009, près d’un tiers de ce chiffre d’affaires (3,25 millions d'euros) est revenu sous forme de rémunération ou de distribution de dividendes à la gérante de la société et n’a pas été réinvesti dans l’activité.»
Quelques mois avant la publication du rapport, un article paru dans Charlie Hebdo s’était penché sur «le juteux business des aires d’accueil», accusant GDV, par ailleurs critiquée par les associations pour la gestion «sécuritaire» de la vingtaine d’aires sous sa responsabilité, de s’en mettre «plein les poches, légalement mais dans des proportions insoupçonnées».
Romain Klumpp, en charge de la communication de l’entreprise, réfute les allégations : «L’article précise bien que tout est fait "légalement". Il n’y a rien à ajouter. Si on fait des bénéfices, c’est qu’on fait bien les choses. Nous, on a jamais demandé de rallonges aux collectivités. Sur nos terrains, il n’y a ni impayés, ni dégradations, ni dépassement du temps de séjour. Contrairement à ailleurs. Nous, on sait parler aux gitans et se faire respecter, et c'est réciproque.» Un ancien employé affirme pourtant le contraire. «Pour ce qui est de l’entretien de l’aire, chaque euro, chaque poste économisé, c’est de l’argent qui va directement dans la poche du prestataire. On attend des jours pour leur remettre l’électricité quand il y a une panne, et on leur fait payer des sommes délirantes pour de soi-disant dégradations, comme 200 euros pour un étendoir à linge !»
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