http://www.lefigaro.fr/politique/2013/0 ... nement.php
La sortie controversée du ministre du Redressement productif en faveur d'une nationalisation de l'exploitation du gaz de schiste a suscité de vives réactions de la part de ses collègues de l'Écologie et de l'Agriculture, et des écologistes.
La sortie controversée du ministre du Redressement productif en faveur d'une nationalisation de l'exploitation du gaz de schiste a suscité de vives réactions de la part de ses collègues de l'Écologie et de l'Agriculture, et des écologistes.
C'est à croire qu'il le fait exprès. Arnaud Montebourg s'est à nouveau attiré les foudres de ses collègues, après sa sortie, mercredi, en faveur d'une nationalisation de l'exploitation du gaz de schiste. Une idée «tout à fait personnelle», qu'il a évoquée mardi soir devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale. Anticipant sur une possible polémique, le ministre du Redressement productif a toutefois voulu donner des gages aux adversaires de l'exploitation de cette ressource, affirmant qu'il fallait d'abord «régler le problème de la pollution des sous-sols». En vain. Les réactions, notamment chez les écologistes, alliés de la majorité, se sont multipliées.
La première riposte est venue du nouveau ministre de l'Écologie, Philippe Martin. La question de l'exploitation «écologique» des gaz de schiste «ne se pose» pas, notamment à cause du bilan carbone «très négatif» des forages, a-t-il assuré mercredi soir, restant sur la même ligne que son prédécesseur, Delphine Batho. Le socialiste, qui avait cosigné en 2011 un rapport parlementaire dans lequel il se déclarait clairement hostile au gaz de schiste, a aussi invoqué la nécessité de réduire la dépendance de la France aux hydrocarbures. Son collègue de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a également été dans ce sens, jugeant que Montebourg n'était «pas en cohérence avec les choix édictés lors de la conférence environnementale». «La cohérence, c'est de rester sur la ligne qui a été définie par le gouvernement», a-t-il martelé jeudi matin sur BFMTV.
Les verts ont aussi immédiatement embrayé, Cécile Duflot en tête. C'est sur Twitter que la ministre du Logement a taclé son collègue du gouvernement, évoquant en la personne de Philippe Martin, le «seul ministre de l'énergie»
Un argument repris également par le patron d'Europe Écologie-Les Verts (EELV), Pascal Durand, jeudi, dans Le Parisien. «Il y a un ministre de l'Énergie en France, c'est le ministre de l'Écologie», lance-t-il. Pascal Durand avait été reçu mercredi par François Hollande, en compagnie de Cécile Duflot et du ministre délégué au Développement, Pascal Canfin. Objectif du président: donner des gages à ses partenaires et arrondir les angles en vue des prochaines échéances électorales.
Un «adversaire de l'écologie et du gouvernement»
Sur RFI, le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé a poursuivi l'offensive. «Je ne comprends pas vraiment Arnaud Montebourg. Il sait que ce qu'il défend n'est pas la position du gouvernement, ni du président, et pourtant, il en rajoute une couche. Est-ce que c'est de la provocation? Je ne sais pas», lâche l'élu, le qualifiant «à la fois d'adversaire de l'écologie et du gouvernement». «Il donne une vision de cacophonie et d'impuissance qui n'est pas bonne pour le gouvernement», ajoute-t-il.
De son côté, le député EELV Denis Baupin a critiqué sur Twitter le traitement de faveur dont semble bénéficier Arnaud Montebourg au sein du gouvernement. Un système «deux poids, deux mesures», dont l'ancienne ministre de l'Écologie Delphine Batho a pâti après avoir critiqué le budget dédié à son ministère
Au PS, la secrétaire nationale en charge de l'environnement, Laurence Rossignol, a regretté jeudi matin sur RMC les propos du ministre, affirmant que la transition écologique ne peut pas passer par le gaz de schiste. «Il n'est ni ministre de l'Écologie ni de l'Énergie, et il connaît mal ce dossier», a-t-elle jugé. Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, a pour sa part estimé inutile de rouvrir ce débat. «Aujourd'hui, la technique écologique n'existe pas. Il n'y a pas de fracturation écologique, donc, faisant en sorte de donner des moyens à la recherche et n'abordons le sujet que quand il y aura une possibilité d'extraction», a réagi le député sur Europe 1.
Après l'éviction de Delphine Batho la semaine dernière, cette sortie d'Arnaud Montebourg apparaît comme un nouveau couac au sein de la majorité. Un sujet que François Hollande, souvent critiqué pour son manque d'autorité, devra certainement aborder dimanche lors de son intervention télévisée à l'occasion du 14 juillet.