Un état des lieux du cancer en France
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INFOGRAPHIE - Basé sur des indices standardisés, un rapport sur les cancers en France depuis 1980 montre que l'augmentation des cas est notamment liée au vieillissement et à l'augmentation de la population française.
Au premier regard, les résultats semblent décourageants. Le nombre de cancers a explosé en France au cours de ces trente dernières années: + 107,6 % pour les hommes et + 111,4 % pour les femmes. Pour la seule année 2012, le nombre de nouveaux cas de cancers en France métropolitaine est ainsi estimé à 355 000 dont 200 000 pour les hommes et 155 000 pour les femmes.
Mauvaise nouvelle à l'échelle de la population mais qui doit être nuancée au niveau individuel. Pas moins de quatre institutions publiques ont justement mis leurs expertises en commun pour analyser en détail l'évolution de l'incidence et de la mortalité par cancer en France depuis 1980: l'Institut national du cancer, l'Institut de veille sanitaire, le service de biostatistique des Hospices civils de Lyon et le registre des cancers Francim.
Première remarque, d'importance, la population française a non seulement augmenté depuis trente ans mais elle a aussi vieilli. Or, le cancer est une maladie dont l'incidence (survenue de nouveaux cas sur une période donnée) augmente avec l'âge, à l'exception de certains cancers plus fréquents chez les enfants. C'est pourquoi la hausse du nombre de cas observés est trompeuse. Ainsi les statisticiens ont-ils pu calculer que deux tiers de la hausse constatée, pour les hommes, et un peu plus de la moitié de celle-ci pour les femmes s'expliquait d'abord par ces deux paramètres démographiques.
Deuxième indicateur important: la mortalité, c'est-à-dire le nombre de décès par cancer rapporté à la population. Là encore, les chiffres bruts montrent que le nombre de décès par cancer a augmenté de 11 % pour les hommes et de 20,3 % pour les femmes entre 1980 et 2012. Mais si l'on enlève statistiquement l'augmentation et le vieillissement de la population française, en standardisant les incidences et les mortalités, c'est alors une baisse de mortalité qui apparaît. Le même calcul standardisé a été utilisé pour passer en revue les cancers un par un.
Une baisse des cancers du sein
Avec 48 763 nouveaux cas en 2012, le cancer du sein est de loin le plus fréquent des cancers féminins. C'est aussi le premier en termes de mortalité avec 11 886 décès par an, mais il pourrait bientôt être devancé par le cancer du poumon, responsable de 8 700 décès en 2012 pour 11 284 nouveaux cas par an. Car si l'incidence du cancer du poumon augmente régulièrement chez les femmes sous l'effet du tabagisme, elle décroît au contraire pour le cancer du sein. Depuis 2005 et le coup d'arrêt du traitement hormonal de la ménopause, le nombre de cancers du sein a en effet baissé en France comme dans d'autres pays industrialisés. Toutefois, lit-on dans le rapport, «le délai court entre les modifications de prescription des traitements hormonaux et la diminution de l'incidence des tumeurs de stade précoce plaide plus en faveur d'un effet “promoteur rapide” des traitements hormonaux sur des cellules cancéreuses déjà présentes que d'un effet “initiateur”». L'hypothèse du déclenchement plus précoce d'un cancer qui de toute façon se serait déclenché ne peut donc pas encore être écartée, expliquent les épidémiologistes. La mortalité, restée relativement stable jusqu'aux alentours de 1995, a diminué significativement jusqu'en 2012.
Avec 56 841 nouveaux cas estimés en 2012, le cancer de la prostate (responsable de 53 465 nouveaux cas en 2009) reste le plus fréquent des cancers de l'homme et le troisième en mortalité avec 8 876 décès estimés. L'incidence est cependant en nette baisse depuis 2005, année où elle atteignait le taux record de 127,1 pour 100 000 personnes/année (100 000 personnes suivies pendant un an, NDLR). Elle n'est plus que de 99,4 en 2009. Cette baisse correspond à deux phénomènes: «L'un, épidémiologique, qui est lié au fait qu'après plusieurs années de dépistage une partie des cancers prévalents sont diagnostiqués ; l'autre, social, qui résulte de la prise de conscience d'un risque de “surdiagnostic” par les soignants et la population, ce qui incite à la prudence vis-à-vis du dépistage.»
C'est le cancer du poumon (deuxième en incidence) qui est encore responsable du plus grand nombre de morts chaque année, 29 949 décès en 2012, devant le cancer colorectal (3e en incidence) avec 17 722 décès. L'incidence du cancer du poumon est pratiquement stable chez les hommes depuis 1980 mais les spécialistes se félicitent toutefois d'une tendance à la baisse (- 0,3 %) depuis 2005. L'avenir est en revanche plus sombre pour les femmes. En effet, l'incidence de ce cancer augmente de 5,3 % par an chez les femmes depuis 1980, et même de 5,4 % par an depuis 2005.