Tu veux la dure vérité ?
Ils reviennent pas, quand ils en ont les moyens, c'est-à-dire que leur famille est riche ou que leur école est prestigieuse à l'international.
Les salaires d'embauche ont diminué par rapport au début des années 2000, comparés à l'inflation, mais surtout comparés aux courbes de salaire des professions à niveau d'étude comparable (commerciaux, médecins, avocats).
Les chiffres sont également boostés par des tendances vacillantes, intenables à long terme.
Le taux d'emploi est gonflé par les embauches massives dans le domaine du conseil opérationnel (Accenture, Alten etc.) qui recrute à tour de bras des jeunes qu'ils ne garderont pas plus de 3 ans. Après, quand ils en ont marre de se faire envoyer à 500 kilomètres chaque semaine pour 30000€/an, ils finissent par accepter des progressions salariales qui feraient dresser les cheveux sur la tête d'un américain diplômé d'une grande université.
Les moyennes de salaire sont quant à elles gonflées par les salaires du tertiaire (finance, strat, fusac..)
Le vrai problème, c'est pas la situation des jeunes diplômés ingénieur - en fait ils peuvent très bien s'en sortir s'ils font des efforts. Le problème, c'est que pour s'en sortir, ils doivent s'orienter vers des voies qui mènent à long terme ce pays à la ruine économique.
Il y a quelques semaines, j'ai rencontré un ancien élève de Centrale Paris dans une usine allemande pour un grand groupe. Il est sorti en 2005. Il est responsable d'usine, avec une grosse centaine de personnes sous ses ordres (une fabrique qui sort dans les 8M d'€ de CA). Il fait des journées longues, il est très compétent et dynamique. Son usine tourne parfaitement. Il a fait toute sa carrière, depuis son stage de fin d'étude, dans ce groupe. Il est trilingue, et expatrié. Et bah il a le salaire d'un prof en fin de carrière.
Il m'a raconté que son meilleur pote de Centrale était parti dans un célèbre cabinet américain de conseil en stratégie. Après cinq ans dans trois cabinets différents, il a été embauché directement à la direction générale d'un grand groupe français de fabrication de machine-outils, qui doit peser plusieurs milliards de CA. Inutile de préciser
Faire tourner l'économie n'est pas récompensé, c'est l'épaisseur du carnet d'adresse qui est récompensée dans le monde économique moderne. Je n'ai pas de recette miracle, mais c'est une question qui est systématiquement occultée. On ne va pas éternellement s'échanger notre argent entre nous à coup de marketing, de consulting stratégique, de fusion-acquisitions et de placements financiers. Y a un moment où il faudrait réattribuer les fruits de la production de valeur à ceux qui produisent de la valeur.