Un traitement préventif à base d'antirétroviraux réduit de près de moitié le risque d'infection par le VIH chez les personnes qui s'injectent des drogues, selon une étude.
Des études avaient déjà montré récemment l'efficacité des antirétroviraux préventifs sur la réduction de la transmission sexuelle du VIH, tant chez les hétérosexuels que chez les homosexuels, ainsi que pour la transmission mère-enfant. Cette fois, des recherches publiées jeudi par la revue The Lancet montrent l'efficacité de la méthode sur des toxicomanes, réduisant de moitié les contaminations dans les groupes sous traitement.
Réalisée en Thaïlande sur une période de quatre ans, l'étude a porté sur 2400 utilisateurs de drogues injectables, dont la moitié avait reçu un traitement préventif et l'autre moitié un placebo. Le traitement préventif consistait en un comprimé quotidien de ténofovir, un antirétroviral utilisé dans le traitement de l'infection par le VIH. Il est commercialisé sous le nom de Viread par le laboratoire américain Gilead Sciences.
À l'issue de l'étude, 17 toxicomanes sous traitement préventif étaient infectés par le VIH, contre 33 dans le groupe témoin, soit une réduction de risque de 48,9%. Les chercheurs relèvent que la protection s'est avérée nettement moins importante chez les toxicomanes ne prenant pas leur traitement de manière régulière.
Compléter par d'autres mesures
«Cette étude montre que la prophylaxie pré-exposition (la prise d'antirétroviraux en prévention, NDLR) peut être efficace dans toutes les populations à risques», a commenté le Dr Michael Martin, l'un des chercheurs qui ont mené les travaux. «C'est un grand jour, a confirmé dans le New York Times le Dr Jonathan mermin, directeur du centre de prévention contre le VIH à Atlanta, aux États-Unis. Ces résultats concluent une décennie de recherches sur le pouvoir prophylactique des antirétroviraux.»
Dans un commentaire accompagnant l'article, le Pr Salim Karim souligne que le traitement préventif doit s'accompagner d'autres mesures, comme la non-utilisation de seringues usagées, la promotion des traitements de substitution ou encore l'utilisation de préservatifs lors des rapports sexuels.
Selon deux études réalisées auprès d'hétérosexuels africains et rendues publiques en 2011, le risque d'infection par le VIH était réduit des deux tiers grâce au traitement préventif. L'une des études avait été interrompue, les chercheurs estimant qu'il n'était pas «éthique» de la poursuivre pour les personnes prenant un placebo.
En France, le Truvada, une combinaison de deux antirétroviraux dont le ténofovir, est actuellement l'objet d'un essai en traitement préventif auprès de 300 homosexuels séronégatifs volontaires (essai Ipergay sous l'égide de l'Agence nationale de recherche sur le sida, l'ANRS).
Le Truvada, de Gilead Sciences, a reçu l'an dernier le feu vert de la FDA, l'agence américaine du médicament, pour être commercialisé comme le premier traitement préventif contre le sida destiné aux personnes à risques aux États-Unis.
(Avec AFP)