Bien, déjà l'approche de Drac est intéressante, car elle sort des sentiers battus, dans le sens où il indique que tant que le racisme que l'antiracisme procèdent des mêmes ressorts. Notamment que la notion de races moderne découle du passage de société construites autour du groupe à des sociétés basées sur l'individu.
J’avais compris l’analyse de Michel Drac autrement. J’avais compris que la notion de «race» consistait à mettre les individus dans des boîtes en fonction de critère phénotypiques plus ou moins arbitrairement sélectionnés et niant leurs spécificités autres que la race biologiquement définis et susceptible de s’opposer à ce classement. Michel Drac comparant cela avec l’antiracisme qui procèderait de la même manière en mettant cette fois-ci tous les individus dans la même grande case en niant là encore toutes les autres spécificités susceptibles de les différencier. Mais bon si je dois voir une dénonciation de l’individualisme je la vois dans la négation d’une identité culturelle et affective transcendant justement l’individu, je m’explique ci-dessous.
C'est à dire qu'autrefois la race s'entendait comme une perpétuation d'un groupe donné, tant culturel qu'ethnique, tandis qu'avec l'individualisme la race s'est entendue comme la perpétuation des caractéristiques de l'individu même. Caractéristiques qui en dehors du groupe auquel il appartient ne se résument plus qu'à son capital génétique.
Cette analyse se défends comme le disais déjà Max Weber il faut distinguer la notion d’ethnie de la notion de race, distinction souvent oubliée aujourd’hui puisqu’on se sert du mot «ethnie» comme simple substitut du mot «race». En effet Max Weber l’expliquait fort bien, l’ethnie disait-il, est du côté de la croyance, du sentiment d’appartenance à une collectivité liée par la sang, à un sentiment identitaire et à un destin commun très puissant, socialisant avec un honneur commun partagé par les membres d’une même ethnie. Tandis que la race n’est que la parenté biologique objective et rien d’autre. Certes souvent les deux se confondent, mais elles doivent cependant être différenciés car elles ne correspondent pas toujours non-plus. Cependant si l’on a la précision de Max Weber en tête on devine déjà en quoi les idioties que dénoncent à juste titre Michel Drac sont fallacieuses. Car le racialisme est fallacieux car ignorant que les constructions ethniques ne correspondent pas, et même pas parfois «transcendent» les considérations raciales. De même que l’antiracisme hystérique d’aujourd’hui ignorent l’importance du fait ethnique, notamment en quoi celui-ci s’opposent à l’intégration massive de migrants extra-européens aux identités ethniques et aux habitus culturels forts différents de ceux des Européens.
En somme, le racisme, tel qu'on l'entend aujourd'hui, n'est pas, contrairement à ce qu'on pourrait penser un archaïsme, mais bien plus sûrement le fruit même de la modernité.
Je dirais plutôt que le racialisme est le produit de la modernité, mais le racisme pluriel, c'est-à-dire plus largement le sentiment d'appartenir à un groupe supérieur aux autres ou alors cultiver l'hostilité haineuse vers autrui jusqu'à passer à l'acte c'est-à-dire à l'extermination pure est simple, est très antérieur au racialisme et a existé depuis l'antiquité et même probablement durant la préhistoire.