Sauf que là il n'y a aucune magouille, les salles des fêtes sont bien souvent prêtée à titre gracieux pour des tas de manifestation et il est normal de prêter des municipaux pour la sécurité comme dans tout kermesse et autre regroupement.
Pour Charles-Albert Lucas, candidat sur la liste divers droite aux municipales et adhérent UMP, ces faits relèveraient « d'un détournement de fonds publics puisque des employés municipaux ont été mis à disposition à des fins privées ».
« Une dizaine d’employés municipaux du service technique-logistique ont participé au montage des tentes et à la mise en place électrique de la manifestation, à la demande de la mairie », raconte à Mediapart un employé communal présent ce jour-là (lire notre boîte noire). Selon lui, l'intervention « s’est faite en catimini, dans la discrétion la plus totale. Ils n’ont pas eu le choix, certains ont râlé le lendemain en privé, en disant “ce n’est pas à nous de faire le job, il y a des bénévoles pour ça”. Cela pose problème, à gauche comme à droite, on ne doit pas utiliser un personnel municipal à des fins politiques ».
Un autre employé communal présent confirme : « Dix ou douze employés montaient le matériel, les tentes, les câbles électriques, ils ont installé les tables et chaises. » Ils ont « travaillé au montage le dimanche, de 19 h à près de minuit, puis le lundi à partir de 6 h du matin pour finir le travail » et ont « assuré le démontage le mardi entre 6 h et midi ». Selon lui, ils étaient présents « comme employés municipaux, pas comme bénévoles, c’est une certitude »
Autre problème : l’association ne semble pas avoir respecté toutes les clauses de la convention. Ainsi, le document précise que « toute vente à caractère commercial dans l’enceinte du “Tir-au-Vol” est interdite ». Or, les organisateurs ont installé un stand de vente de tee-shirts et goodies à l’effigie des « Amis de Nicolas Sarkozy ». Cette vente a eu lieu « à l’extérieur de la salle », précise Brice Hortefeux. Le stand était pourtant bien installé dans l’enceinte du « Tir-au-Vol », sous une tente.
Enfin, le document stipule que l’association doit joindre à la convention « une attestation d’assurance en cours de validité couvrant sa responsabilité civile ». Mais lorsque l'opposition lui a réclamé cette attestation, le maire a brandi celle de la commune : « la ville bénéficie d'un contrat d'assurance de dommage aux biens permanent pour tous les équipements municipaux », écrit-il dans un courrier dont Mediapart a eu copie. Hortefeux, lui, affirme qu'« un contrat d’assurance a bien été souscrit », sans pour autant produire ce document.
Les organisateurs entretiennent aussi le flou concernant le paiement des chambres d’hôtels et consommations des participants. « L’association n’a pas payé de chambres à ma connaissance », explique d’abord Brice Hortefeux, sans vouloir dire qui les a réglées. Dans sa réponse écrite à Mediapart, il refuse de dire où ont été logés les participants. Il explique que « chacun gérait sa chambre » et précise désormais que « ni la mairie ni l’association ne les ont payées ».
Plusieurs membres du bureau ont été logés à La Corniche, luxueux hôtel avec des chambres coûtant jusqu'à 795 euros la nuit. Brice Hortefeux a été « invité », tandis que Nadine Morano et Alain Carignon ont bénéficié « de super tarifs », explique la direction. D'autres participants ont séjourné aux Bains d’Arguin, bel hôtel quatre-étoiles à proximité de la mer, qui dispose d'un centre de thalassothérapie et spa. « Cela a été géré de manière très très floue, raconte un employé des Bains d'Arguin. Brice Hortefeux et Franck Laugier étaient venus (en amont, ndlr). On nous avait demandé de mettre une trentaine de chambres en réservation. Des acomptes ont été versés. Mais nous ne savons pas comment et par qui ont été réglées les chambres. C'est passé en partie par le directeur. »
Contacté, Didier Vielfaure, le directeur des Bains d'Arguin, refuse de répondre en invoquant « un devoir de confidentialité » et se contente d'expliquer que « les factures ont été payées ». L'hôtelier est actuellement en discussion avec la mairie pour déterminer les conditions de l'agrandissement de son établissement, situé à proximité de terrains municipaux. Il projette d'ajouter 24 chambres à l’hôtel et de construire deux piscines nouvelles pour la Thalasso.
Le flou réside aussi sur le paiement des consommations au restaurant Le Chantier, à l’occasion de la conférence de presse de l’association. « Le Chantier a offert les boissons aux journalistes présents », répond Brice Hortefeux, sans évoquer les dépenses des membres de l’association eux-mêmes.
« Si tous les Arcachonnais avaient droit au même traitement, ce serait formidable ! » ironise Anny Bey, candidate divers droite à la mairie d'Arcachon. « Si effectivement la présence d'employés municipaux est avérée, cela voudrait dire qu'un élu de la République est coupable de parjure en pleine séance municipale », déclare-t-elle. Cette ex-déléguée de circonscription UMP explique qu'elle « (se) réserve le droit, après les élections municipales, d'agir, en tant que citoyenne ».
Son colistier Charles-Albert Lucas dénonce « un événement politique qui fait la promotion du maire et a engendré des dépenses importantes ». Pour lui, « il n'y avait aucune raison de mettre à contribution le personnel municipal. Pourquoi ne pas avoir loué des tentes ? ».
« Si ces faits sont avérés, tout cela est scandaleux et inacceptable », commente le socialiste Maurice Granet. Le contrôle de la légalité et la chambre régionale des comptes devront vérifier cela. Si des exactions ont été commises, la justice devra s'en saisir. »