Une Birmane musulmane qui aurait bousculé un enfant moine va être poursuivie pour blasphème, a indiqué aujourd'hui la police birmane. L'affaire avait provoqué une flambée de violences anti-musulmans et fait un mort cette semaine dans le centre du pays.
Win Win Sein et une autre musulmane ont été interpellées par la police à Oakkan, à environ 100 km au nord de Rangoun, où les attaques de lundi ont visé une mosquée et des dizaines de magasins, faisant également une dizaine de blessés.
"Au total, 21 personnes vont être inculpées pour leur implication dans les violences", a indiqué un responsable policier local, assurant que tout le calme était revenu. "Win Win Sein et une autre femme vont également être inculpées pour diffamation religieuse".
Selon la Constitution, toutes les confessions sont protégées des insultes, mais le pays "reconnaît une position spéciale au bouddhisme en tant que foi d'une grande majorité de citoyens".
Aucun moine bouddhiste ni responsable politique n'a été poursuivi ces derniers mois en dépit de propos et d'écrits parfois incendiaires sur l'islam et les musulmans.
Les dernières violences ont éclaté après que Win Win Sein a bousculé, semble-t-il par accident, un novice de onze ans qui a fait tomber le bol destiné à collecter les offrandes.
Dans un entretien diffusé par la télévision d'Etat, le jeune moine, Shin Ponnya, a indiqué que de l'argent lui avait été offert pour acheter un nouveau bol, précisant que la police était arrivée rapidement après l'incident.
"On ne m'a fait des excuses que lorsque nous sommes arrivés au poste de police", a-t-il déclaré, avant que l'entretien ne soit coupé brusquement.
En mars, des émeutes religieuses avaient fait 43 morts à Meiktila, également dans le centre du pays, après une dispute entre un marchand musulman et des clients bouddhistes. Des quartiers entiers avaient été brûlés jusqu'à ce que l'armée intervienne en vertu de l'état d'urgence.
En 2012, dans l'ouest cette fois, des affrontements entre bouddhistes de l'ethnie rakhine et musulmans de la minorité apatride des Rohingyas avaient fait environ 200 morts et 140.000 déplacés.
Dans une Birmanie en plein bouleversement depuis la dissolution de la junte en mars 2011, ces événements ont remis en lumière un fond islamophobe latent dans un pays majoritairement bouddhiste où vivent officiellement 4% de musulmans.
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