paulau
L'idée pour les uns, est que l'avortement est un droit fondamental, et qu'une cité libérale doit admettre la défense du bien commun suivant : la garantie pour les individus du respect des droits fondamentaux, avec pour corollaire qu'une cité qui ne l'admet pas n'est pas une res publica. Pour les autres, en tant qu'il ne s'agit pas d'un droit fondamental, il n'a pas à être garanti par l'Etat fédéral ; en conséquence, il peut être de la liberté des Etats fédérés, d'en décider comme ils le souhaitent.
Si l'on introduit, le point de vue français, d'une façon il est libéral : défense d'un droit fondamental en tant qu'il est une liberté ; d'une autre, il est totalement antilibéral : la tradition étatique française. Pour certains d'entre eux, il faudrait que l'Etat fédéral américain règle la question en se comportant comme un Etat unitaire. Il s'agit d'une des contradictions majeures de la France depuis la Révolution : tenir un discours de liberté, et dans le même temps souhaiter l'unité, qu'elle soit assurée par l'autorité et la coercition.
En tant que tel la contradiction se retrouve dans toute la philosophie politique libérale, parce qu'il est question d'accorder le plus possible de droits aux individus aux dépens de la cité dans laquelle ils vivent ; ce qui suppose quand même au moins un Etat minimal principe d'autorité et de coercition, sans lequel il ne peut exister de garantie des droits en question. S'il est question de liberté des individus, dans la mesure où il s'agit en fait d'une notion négative, relative à ce que permet le souverain, quelle que soit sa forme, ou son agent, l'Etat, toute philosophie politique libérale ne peut l'être que partiellement, non parfaitement.
Notons aussi, que par la philosophie libérale, par le bien commun qu'il admet, le souverain, ou l'Etat, son agent, se constitue serviteur des individus : il est censé assurer par l'autorité et la coercition le cadre en question, afin que les individus puissent vivre sereinement - sécurité-, jouir des fruits de leur travail.
Si maintenant les droits en question changent de nature, par exemple s'ils deviennent "économiques", ou "sociaux", comme on dit aujourd'hui, le risque devient pour les garantir… une croissance de l'Etat ; c'est-à-dire qu'il est possible qu'admettre comme fondamentaux ces droits-là, comporte le risque que la société devienne… de moins en moins libérale. Si l'on veut être libéral, il faut donc déjà s'assurer que les droits que l'on défend ne sont pas en contradiction avec la conception de l'Etat que l'on est prêt à concéder : dans le cas des droits précédents, n'est-il pas plutôt question d'assurer aux individus qu'ils pourront non pas jouir des fruits de leur travail, mais jouir de leur existence ?